Pourquoi les footballeurs sont souvent victimes d'un cancer des testicules ?

Haller, Boetius, Gutierrez, Robben et bien d'autres encore : nombreux sont les footballeurs à avoir été atteints d'un cancer des testicules. Mais pourquoi cette maladie touche beaucoup les footballeurs ? Est-ce qu'on peut en guérir ? On vous dit tout.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le
Sébastien Haller lutte contre un cancer du testicule depuis juillet dernier
Sébastien Haller lutte contre un cancer du testicule depuis juillet dernier  —  Reuters

Quel est le point commun entre Sebastien Haller, Arjen Robben, Jean-Paul Boetius, Marco Richter et Ederson Honorato Campos ? Réponse : tous les cinq ont été victimes d'un cancer des testicules. Comme si la maladie des hommes touchait plus facilement les footballeurs professionnels. Mais la réalité est autre. 

Le cancer des testicules est un cancer qui touche environ 1% des hommes, le plus souvent entre 20 et 30 ans. On distingue différentes formes de cette maladie, selon le type de cellules dont la tumeur est issue. Mais dans la majorité des cas, il s'agit d'une tumeur germinale qui a pour origine les cellules productrices de spermatozoïdes. 

Les sportifs plus exposés au cancer des testicules ?

On sait qu'une pratique sportive a des effets sur les protéines de l'inflammation, sur le surpoids… sur tout un tas de choses qui aboutissent à augmenter le risque de cancer. Les bienfaits de l'activité physique ont ainsi été prouvés en prévention des cancers. On pourrait donc croire que les sportifs de haut niveau auraient moins de risques d'être atteints par cette maladie. "Le lien avec la pratique sportive, à savoir 150 minutes par semaine au minimum, est moins étudié dans le cas des testicules que pour d'autres cancers comme le sein, le colon, la prostate ou les poumons", expliquait en 2017 Thomas Ginsbourger, directeur des programmes au sein de la Cami, une association qui propose des thérapies contre le cancer par le sport, à nos confrères de Sofoot.

Après la détection du cancer de l'Ivoirien Sebastien Haller, l'agence de presse allemande SID a échangé avec Klaus-Peter Dieckmann, le directeur du centre des tumeurs testiculaires de la clinique Asklepios de Hambourg. Ce dernier a expliqué qu'il n'y avait pas de lien entre le football et le cancer des testicules. "Lorsque les hommes ont un cancer à cet âge - entre 20 et 40 ans - il s'agit presque toujours d'un cancer du testicule", a-t-il ainsi déclaré. Autrement dit, les hommes en âge de pratiquer du sport professionnel sont statistiquement plus exposés à cette maladie. 

Facteurs de risques et symptômes

Au-delà de l'âge des malades, il n’est pas toujours possible d’identifier les causes d’un cancer du testicule. La recherche a toutefois permis d’identifier certains facteurs susceptibles d’augmenter le risque de développer ce cancer. Cette maladie pourrait notamment être "favorisée par l’exposition à des facteurs de risque présents dans notre environnement comme les polluants chimiques", explique la fondation ARC pour la recherche sur le cancer.

Lorsqu'un cancer se développe, le symptôme le plus courant est la présence d'une boule dure et indolore qui augmente le volume de la bourse. Une simple augmentation de taille, des troubles digestifs ou un gonflement des seins peuvent aussi être des signes révélateurs.

Dans le monde du football, les joueurs ne font pas l'objet d'un dépistage régulier du cancer du testicule, car il n'est pas obligatoire. Mais certains clubs, notamment en Bundesliga, ont commencé à réaliser des tests de dépistage de la maladie. 

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Ce cancer se soigne assez bien

S'il est détecté suffisamment tôt, une simple opération chirurgicale peut suffire pour vaincre le cancer des testicules. Il faut alors retirer le testicule cancéreux. Dans ce cas, le patient peut demander la pose d'une prothèse, qui a la consistance d'un véritable testicule. Elle est en silicone et peut également donner lieu à des infections qu'il faut surveiller. Sa taille est choisie pour conserver une harmonie entre les deux bourses.

Il convient néanmoins de prendre en compte l'impact psychologique de cette solution. Car l'ablation chirurgicale du testicule s'accompagne souvent d'interrogations, chez le patient, sur sa virilité ou la capacité à procréer normalement après l'opération. 

Après la guérison, le risque d'avoir un cancer de l'autre testicule se situe entre 2% et 5% dans les vingt-cinq années qui suivent. Dans moins de deux cas sur 100, le cancer est d'emblée bilatéral. Le testicule peut parfois tripler de volume lorsqu'il est atteint par une tumeur. 

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