Le tradipraticien camerounais, un acteur reconnu de la santé publique

Très populaire en Afrique francophone et particulièrement au Cameroun, la médecine traditionnelle est davantage prise au sérieux face au Covid-19 et commence à s'imposer dans les discours de santé publique.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le
La médecine traditionnelle gagne du terrain
La médecine traditionnelle gagne du terrain

Ensemble contre le Covid-19. La médecine conventionnelle et la pharmacopée traditionnelle veulent faire équipe pour mieux lutter contre la pandémie de coronavirus au Cameroun, où moins de 1,5% de la population est totalement vaccinée. Une bonne nouvelle, quand on sait que 80 % de la population africaine a recours à la médecine traditionnelle pour se soigner ou prévenir des maladies. 

Malgré sa popularité, la médecine traditionnelle ne s'est jamais vraiment imposée comme une composante essentielle de la santé publique en Afrique. Mais depuis l'apparition du Covid-19, la donne a changé. Aujourd'hui, on assiste même à l’émergence de traitements prometteurs contre le Covid-19 à base de médicaments traditionnels. Au Cameroun par exemple, le ministère de la Santé a approuvé plusieurs produits en tant qu’adjuvants dans le traitement du Covid-19. Même l'Organisation mondiale de la santé (OMS) admet facilement que "les tradipraticiens de santé jouent également un rôle de premier plan en renforçant l’adhésion des populations aux mesures de prévention de la Covid-19 et en orientant les patients vers des soins en temps opportun". 

Une prise de conscience collective

Lors d'un évènement organisé fin octobre, le cardiologue camerounais Aimé Bonny a souligné l'utilité de la médecine traditionnelle à l'ère de la pandémie. Celui qui a longtemps critiqué les conditions d'homologation des traitements issus de cette pharmacopée estime que cette dernière est "importante dans la prise en charge de la Covid-19. Elle doit venir en soutien à ce que nous les praticiens de la médecine conventionnelle faisons déjà. Nous savons que nous avons beaucoup de limites. Il n’y a pas des traitements qui ont démontré leur efficacité. Ces médicaments traditionnels doivent pouvoir être synergiques". Comme quoi, la pandémie a permis de mieux prendre conscience de la valeur de la médecine traditionnelle. 

"Pour nous tradipraticiens, le Covid-19 est le bienvenu. Il nous a permis de sortir de l’obscurantisme fatal dont on était victimes. Avant, je ne pouvais pas m’asseoir à côté de hautes sommités de la science de mon pays. On était considérés comme des charlatans, des féticheurs, des marabouts, des lanceurs de sorts. Aujourd’hui, je vois que je suis encadré valablement par les hautes sommités de la connaissance scientifique“, confirme Ouba Razak, président de l’Association des tradipraticiens de santé du Cameroun.

Si un réseau parlementaire chargé de la santé et de la promotion de la médecine traditionnelle a récemment vu le jour, aucune loi ne réglemente pour l'heure la pratique de la médecine traditionnelle au Cameroun. Des efforts supplémentaires sont nécessaires aussi bien pour intégrer la médecine traditionnelle dans des systèmes de santé publique que pour consolider les partenariats et mobiliser des ressources, notamment en faveur de la recherche-développement. 

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