Avortement au Sénégal : un procès sans merci, entre conservateurs et progressistes

Malgré les nombreux drames liés aux grossesses non désirées, le Sénégal continue de punir l’avortement.

Barou Dembélé
Rédigé le
Une femme avec une pilule abortive
Une femme avec une pilule abortive

La législation sénégalaise est très stricte sur la question de l’avortement. Sauf dans les cas où la vie de la mère est menacée, le code pénal punit les femmes ayant eu recours à des solutions abortives d’une peine de 6 mois à 2 ans de prison ferme. Ce pays musulman se place ainsi parmi les pays les plus restrictifs au monde en matière d'interruption volontaire de grossesse (IVG). En 2012, l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD) faisait savoir que les procès des mères incriminées représentaient 25 % des affaires jugées dans les cours d'assises. Rien que ça. 

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Mais cela n'empêche pas les femmes d'avorter. En 2020, la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant du ministère de la Santé et de l’Action sociale a recensé 34.079 cas d’avortement sur le sol sénégalais. La région de Dakar s’était placée en tête avec 6948 interruptions de grossesse, suivie de Thiès qui compte 5390 cas. Diourbel arrivait en troisième position avec 3704 cas répertoriés. 

Pour une harmonisation de la loi

Selon le Comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste, les avortements à risque représentent la cinquième cause de décès maternels et 50% des admissions en urgence dans les maternités de référence. L’avortement clandestin constitue, via l’infanticide, 19% des causes d’incarcération des femmes. 

Si le conservatisme de la loi sénégalaise sur l’avortement est exacerbé par une certaine pression des religieux, des associations féminines plaident toutefois pour un assouplissement de la législation. Elles s’appuient le plus souvent sur la signature du protocole de Maputo qui prévoit la légalisation de l'avortement dans certaines circonstances : agression sexuelle, viol, inceste… Certes, le Sénégal a ratifié ce protocole, mais les autorités ne l'ont toujours pas harmonisé avec les lois nationales. C’est pourquoi l'avortement médicalisé n'est toujours pas d'actualité. Jusqu'à quand ? 

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