Au Maroc, le suicide d’un étudiant en médecine ravive le débat sur le mal-être des futurs médecins

Colère et indignation ont suivi le suicide de Yassine Rachid, médecin interne au CHU Ibn Rochd de Casablanca. Selon ses collègues, cet incident est dû au harcèlement moral et au stress psychologique subis par les étudiants au sein de l’hôpital.

Kaoutar Adghirni
Rédigé le
Un médecin se tenant la tête entre les mains (photo d'illustration)
Un médecin se tenant la tête entre les mains (photo d'illustration)  —  Shutterstock

Un incident tragique est survenu au Maroc. Il y a quelques jours, un jeune doctorant en médecine s’est donné la mort dans sa chambre au CHU Ibn Rochd à Casablanca. Yassine Rachid était en formation de spécialisation en urologie.

Le drame a suscité l’indignation de ses collègues sur les réseaux sociaux. Pour sa part, la Commission nationale des médecins internes et résidents (CNIR) a fait savoir que l'étudiant a décidé de mettre fin à ses jours suite à "la pression qu’il subissait au sein de l’établissement".

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Une "intimidation des médecins internes"

Cette pression psychologique se manifeste par "l’intimidation des médecins internes et les résidents, en plus de les soumettre à une importante charge émotionnelle et psychique négative au cours de leur formation. Cela ne peut que résulter dans des dommages psychologiques et physiques pouvant être fatales ", déplore la commission.

Le même constat a été évoqué par le docteur et blogueur Aymane Boubouh sur sa page Facebook : "Le chirurgien n'obtient son diplôme qu'après une longue série de situations humiliantes et dégradantes dans de nombreux cas, et après une longue série d'extorsion et d'exploitation".

Les études de santé "vectrices de mal-être"

Rémunération dérisoire, absence d’un statut clair de l’étudiant…  La Commission nationale des étudiants en médecine, en médecine dentaire et en pharmacie (CNEMEP) avait alerté il y a quelques mois sur les conditions de vie précaires des futurs médecins marocains. "Les études en santé dans leur état actuel sont vectrices de mal-être, que ce soit dans la formation universitaire ou hospitalière", déplore-t-elle.

Ancienne collègue du défunt, la docteure Chadia Khalloufi insiste, à travers les réseaux sociaux, sur l’importance de prendre la santé mentale des étudiants en médecine au sérieux : "Il est grand temps que les choses changent, que la santé mentale de l’ensemble du staff de l’hôpital ne soit pas un luxe, qu’on arrête de croire que la souffrance mentale est nécessaire et forge les résidents", affirme-t-elle.

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