Pourquoi les suicides explosent en Afrique ?

Contrairement aux idées reçues, l'Afrique subsaharienne enregistre le taux de suicide le plus élevé au monde.

Arnaud Ntchapda avec Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Les problèmes de santé mentale représentent l'un des principaux facteurs de risque associés au suicide
Les problèmes de santé mentale représentent l'un des principaux facteurs de risque associés au suicide

C’est un triste record. L'Afrique subsaharienne enregistre le taux de suicide le plus élevé au monde. La région africaine de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) - qui ne comprend pas tous les pays d'Afrique - enregistre 11 suicides pour 100.000 personnes contre une moyenne mondiale de 9 pour 100.000. Parmi les 10 pays où l'on se suicide le plus dans le monde, 6 se trouvent en Afrique (le Lesotho, le Swaziland, le  Zimbabwe, l’Afrique du Sud, le Mozambique et la Centrafrique).

Selon l'OMS, les moyens les plus utilisés par les personnes qui se suicident dans la Région sont la pendaison, l’intoxication par des pesticides et, dans une moindre mesure, la noyade, l’utilisation d’une arme à feu, le plongeon dans le vide ou le surdosage de médicaments. Des études montrent qu’en Afrique, une tentative de suicide sur 20 aboutit.

Le spécialiste attribue l'explosion des suicides en Afrique à la faible protection dont jouissent les personnes en détresse. Celle-ci serait souvent provoquée par un sentiment d’incapacité à relever les défis du quotidien "Si la personne ne parvient pas à répondre aux attentes énormes de la famille en terme de solidarité, de participation aux besoins, un sentiment énorme de honte se crée“, explique l’expert.

1 psychiatre pour 500.000 habitants

Soucieuse de prévenir le fléau, l’OMS a lancé la campagne "Speak Up For Life. Parler. Consulter. Soutenir" pour sensibiliser les plus jeunes (15-34 ans) et déconstruire les idées reçues. Mais il reste encore beaucoup à faire. 

Car à l'heure où les problèmes de santé mentale représentent jusqu'à 11% des facteurs de risque associés au suicide, le sous-investissement des gouvernements africains est le principal obstacle à la prestation de services de santé mentale adaptés aux besoins. En moyenne, les gouvernements allouent moins de 50 centimes de dollar par habitant à la santé mentale. En outre, les soins de santé mentale ne sont généralement pas inclus dans les régimes nationaux d’assurance-maladie. Sans oublier le faible nombre des spécialistes de la santé mentale sur le continent. Ce dernier "compte un psychiatre pour 500.000 habitants, ce qui est 100 fois inférieur à la recommandation de l’OMS". Jusqu'à quand ? 

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