Au Cameroun, "les populations ont une faible connaissance de la fièvre jaune"

Le coordonnateur du Programme Elargi de Vaccination pour la région du Littoral explique le retour de la fièvre jaune et expose la stratégie choisie pour combattre cette épidémie.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
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Le Dr Léonard Ewane a bien voulu répondre à toutes nos questions
Le Dr Léonard Ewane a bien voulu répondre à toutes nos questions  —  AlloDocteurs Africa / Arnaud Ntchapda

Elle est bien là ! Près de 40 cas de fièvre jaune ont été recensés depuis le début de l'année dans 7 des 10 régions du Cameroun. Face à cette situation et à l'approche d'une Coupe d'Afrique des nations (CAN 2021) sous haute surveillance sanitaire, les autorités camerounaises ont lancé la riposte. Pour en savoir plus sur cette lutte, on a échangé avec l'épidémiologiste Léonard Ewane, coordonnateur du Programme Elargi de Vaccination (PEV). Entretien avec un spécialiste.

Allodocteurs Africa :  Qu'est-ce qui explique le retour de la fièvre jaune au Cameroun ? 

Léonard Ewane : Quatre cas ont été signalés dans la région du Littoral ces dernières semaines. Aussi bien en zone urbaine qu’en zone rurale. La fièvre jaune fait partie des principales maladies sous surveillance au niveau du Programme Elargi de Vaccination (PEV). La couverture vaccinale au niveau de la région est faible. Elle n’a pas encore franchi le seuil minimal de 80% exigé par le Plan Mondial des Vaccins. En plus de cela, les populations ont une faible connaissance de la maladie. C'est ce que révèle une récente enquête menée dans les districts de santé ayant notifié des cas.

Il ne faut pas oublier que la dernière campagne de vaccination contre la fièvre jaune a eu lieu en 2013. Les points focaux en charge de la surveillance, surtout au niveau des formations sanitaires privées, n’ont pas un niveau de connaissances acceptables. 

A.D.A : Comment vous tentez de contenir la vague actuelle ?

L.E : Nous essayons de renforcer la vaccination de routine, améliorer les connaissances des points focaux et sensibiliser les communautés. Nous devons leur faire connaître cette maladie et les mesures de prévention qui permettent de s'en protéger. Pour ce qui est de la détection de la fièvre jaune, les populations doivent savoir que dès lors que quelqu’un présente une fièvre qui se traduit par une ictère ou jaunisse, c'est-à-dire une coloration jaune des yeux, des paumes de mains ou encore, la peau, il peut s'agir de la fièvre jaune. Mais seul un laboratoire permet de poser le diagnostic, à travers des analyses biologiques. 

Au Cameroun, la vaccination est gratuite pour les enfants de moins de 23 mois. Les enfants de 9 mois sont la cible principale de la vaccination anti-amaril. Le sérum contre la fièvre jaune ne peut être administré à un adulte que lors des campagnes de masse.  

 A.D.A : Est-ce que la fièvre jaune une urgence de santé publique ? 

L.E : La fièvre jaune est une maladie importante. Au moment où un cas est notifié, c’est déjà une urgence de santé publique. C’est pour cette raison qu’elle fait partie des maladies sous surveillance au niveau du Programme Elargi de Vaccination. La veille doit être robuste, les acteurs doivent consentir tous les efforts pour s’assurer qu’elle est de qualité. 

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