Trois sages-femmes condamnées au Sénégal, après la mort tragique d'une femme enceinte

Au Sénégal, trois sages-femmes ont été condamnées à six mois de prison avec sursis pour "non assistance à personne en danger", après le décès dans un hôpital public d'une femme enceinte ayant vainement attendu dans de très grandes souffrances une césarienne et dont le sort tragique a bouleversé le pays.

Barou Dembélé
Rédigé le , mis à jour le
Manifestation pour protester contre le décès d'Astou Sokhna à Louga, Sénégal, en avril dernier
Manifestation pour protester contre le décès d'Astou Sokhna à Louga, Sénégal, en avril dernier  —  DR

Six mois de prison avec sursis. C'est la peine annoncée à l'encontre de trois sages-femmes, qui étaient poursuivies depuis le décès tragique d'Astou Sokhna, enceinte de neuf mois et décédée à l'hôpital de Louga après ce que la presse locale a présenté comme une longue agonie et un déni de soin. Trois autres sages-femmes, également jugées par ce tribunal, ont été relaxées. 

Le jugement a été prononcé en présence des six prévenues et de nombreuses agentes de santé venues apporter leur soutien à leurs collègues poursuivies. Les trois femmes condamnées avec sursis étaient de garde la nuit où est survenu le décès d'Astou Sokhna, a indiqué un de leurs avocats, Me Abou Abdou Daff. Les trois autres étaient de garde pendant la journée, a déclaré Me Daff, sans plus de précision. Le parquet avait requis un an de prison dont un mois ferme contre quatre des six prévenues et la relaxe pour les deux autres, lors du procès le 27 avril. 

"Nous ne connaissons pas la motivation du tribunal (pour condamner les trois sages-femmes). Nous allons apprécier pour faire éventuellement un recours", a précisé Me Daff. "Les prévenues ont nié et continuent de nier les faits (qui leur sont reprochés). Une équipe médicale a une obligation de moyens, pas de résultats", a estimé l'avocat

Présent dans la salle d'audience au moment du verdict, le mari de Mme Sokhna, Modou Mboup, a déclaré s'attendre à "un autre" jugement. "Le tribunal a décidé. Nous ne contestons pas bien que nous ayons le coeur meurtri, mais nous nous attendions sérieusement à un autre (jugement), que tout le monde trouverait plus raisonnable", a-t-il indiqué. Avant d'ajouter que "nous avons fait ce que nous devions faire. Personnellement, je vais m'arrêter là. Les avocats (de la partie civile) vont voir s'ils vont continuer la procédure".

"Nous avons mis en exergue ce que tous les Sénégalais déplorent dans les hôpitaux. C'est une victoire. Si nous restons les bras croisés, il pourrait y avoir d'autres Astou Sokhna. Nous devons nous lever pour qu'il n'y ait plus de cas pareil", a ajouté M. Mboup, en allusion aux accusations de "négligence" visant le personnel médical au Sénégal.  Il a précisé que sa défunte épouse "respectait ses rendez-vous, l'échographie, les analyses"

La nuit du drame, "je l'ai amenée à 09H30 (GMT et locales) à l'hôpital. A part la perfusion, je n'ai pas vu autre chose qu'on lui ait administré jusqu'à son décès à 05H00 (GMT et locales). On a parlé de non assistance à personne en danger. Si elles (les sages-femmes) avaient fait ce qu'elles devaient faire, peut-être que ça ne se serait pas passé comme ça", a-t-il témoigné.

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