Vers la pénalisation de l’homosexualité au Mali ?

Au Mali, le ministère de la Justice a ouvert la voie au durcissement des lois nationales sur l’homosexualité, suscitant la crainte de certaines organisations de santé.

Barou Dembélé
Rédigé le , mis à jour le
Une personne portant des manchons aux couleurs LGBT
Une personne portant des manchons aux couleurs LGBT  —  Shutterstock

L’avenir s’assombrit pour la communauté LGBT au Mali. L'homosexualité est jusque-là légale dans le pays simplement parce qu'elle est absente des textes. Elle n'est pas pour autant protégée ou respectée. 

Au sortir d’un atelier sur le code pénal tenu le 20 août, le ministre de la Justice Mahamadou Kassogué a qualifié cette orientation sexuelle de "relation contre-nature" avant d’indiquer qu'elle serait bientôt interdite et sanctionnée. 

Une "bombe à retardement"

"Notre justice n’accepte pas cette pratique d’homosexualité mais il n’y avait pas de sanctions. Cet atelier a permis de prendre des résolutions pour sanctionner l’homosexualité au Mali", a poursuivi le ministre. Comme dans plusieurs pays africains, les personnes homosexuelles sont généralement très mal perçues au Mali. Rejetées au nom de la religion ou de la tradition, elles évitent de s'afficher pour ne pas être violentées et sont quasiment invisibles dans l'espace public. 

Les associations maliennes craignent l’éventuel durcissement des lois."Cela va pousser ces personnes dans la clandestinité, il sera donc difficile pour nous de les atteindre. On risque de perdre tous les progrès que l'on a fait dans la lutte contre le VIH. On a peut-être une bombe à retardement", a alerté sur RFI Alpha Macky Tall, directeur plaidoyer et droits humains d'Arcad Santé Plus, association de lutte contre le VIH-Sida. 

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L'homosexualité interdite dans plusieurs pays

Dans la sous-région, l'homosexualité n’est pas interdite au Niger ou au Burkina Faso mais est illégale au Sénégal, en Guinée ou en Mauritanie. Il y a quelques mois, le Parlement sénégalais a d'ailleurs rejeté une proposition de loi durcissant la répression de l'homosexualité. Les initiateurs de ce texte, porté par un groupe de 11 députés, ont expliqué qu'ils étaient soutenus par les chefs et les associations religieux, influents dans ce pays musulman à 95 %. 

Mais l'Assemblée nationale a invoqué le fait que le code pénal sénégalais punissait déjà "sévèrement" l'homosexualité, ainsi que "tous les actes contre nature et (les) attentats à la pudeur". Enfin, il juge "pertinente" la position défendue par le chef de l'État et les autorités sénégalaises qui refusent toute dépénalisation et légalisation de l'homosexualité.      

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