Sorgho, niébé, manioc... ces alternatives au blé en Afrique

Face à l'inflation et au risque de pénurie de blé causées par la guerre en Ukraine, l'Afrique veut miser sur certaines denrées locales.

Sabrina El Faïz
Rédigé le , mis à jour le
Un Ougandais qui tient dans sa main du sorgho
Un Ougandais qui tient dans sa main du sorgho

Les prix explosent. Depuis fin février et le début du conflit entre l'Ukraine et la Russie, deux gros producteurs de blé, l'offre mondiale s'est effondrée. Que ce soit au Maroc, au Sénégal, en Algérie, au Mali, au Togo ou à Djibouti, l'inquiétude grandit sur la hausse du prix de cette céréale. Car celle-ci se répercute sur le prix du pain, aliment de base des ménages africains. 

Alors que beaucoup de pays du continent ne produisent pas de blé et l'importent, la majorité d'entre eux tente aujourd'hui de s'organiser pour éviter que cette hausse ne touche le consommateur. C'est notamment le cas de la Côte d'Ivoire, où les autorités ont décidé de plafonner le prix de la baguette entre 150 et 200 francs CFA (22 et 30 centimes d'euro) selon le poids. 

Le pain, source d'émeutes

Mais dans l’histoire du continent, le pain a souvent été une source d'émeutes. Chez Allo Docteurs, on se rappelle toujours des manifestations contre la vie chère au Soudan, lorsque l'ancien président Omar El Béchir avait augmenté le prix du pain en 2020. Pour les mêmes raisons, des émeutes de la faim avaient aussi éclaté sur le sol égyptien à la fin des années 70. Aujourd'hui encore, partout en Afrique, le pain peut rapidement nourrir la colère populaire. 

Ce risque de conflits ne fait pourtant pas froid aux yeux de certains pays du continent qui n'hésitent pas à "alléger" le pain, tout en augmentant le prix. C'est ce qu'on appelle le principe de réduflation, à savoir réduction et inflation, qui consiste à baisser la quantité et augmenter le prix. Au Cameroun par exemple, 190 grammes de pain sont actuellement vendus à 150 Francs CFA, contre 200 grammes à 125 Francs CFA auparavant.            

La solution africaine

Le continent regorge pourtant de nombreuses ressources qui lui permettraient de subvenir à ses besoins, et remplacer la farine de blé et ses dérivés. Parmi ces alternatives, on peut notamment citer le millet (qu'on appelle aussi mil), le sorgho ou le fonio. Ces céréales originaires d'Afrique peuvent vous faire oublier le blé, notamment si vous avez un régime sans gluten vu qu'elles ne contiennent pas cette protéine. 

Capables d'apporter l'énergie nécessaire au bon fonctionnement de notre organisme, ces céréales sont recommandées par de nombreux nutritionnistes sur le continent. Il faudrait donc "consommer plus de mil, de sorgho et de fonio afin de renforcer la diversification des céréales consommées tout en augmentant la consommation de céréales qui ont un impact positif sur la santé", conseillait récemment Stéphane Besançon, nutritionniste et directeur de l'ONG Santé Diabète à Bamako au Mali, sur les colonnes de RFI. 

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D'autres solutions peuvent aussi remplacer avantageusement la fameuse farine de blé dans de nombreuses recettes salées ou sucrées : on pense notamment au niébé, une sorte d'haricot, ou encore le manioc. Mais maintenant que les présentations sont faites, reste à séduire le consommateur africain. 

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