Pour sauver plus de vies, l'Afrique doit accélérer la digitalisation de la santé

Si la santé numérique semble en pleine forme en Afrique, pour l’experte en e-santé Laure Beyala, le continent doit accélérer la digitalisation du secteur pour mieux prendre en charge les maladies et apporter des réponses efficaces aux épidémies.

Sabrina El Faïz
Rédigé le , mis à jour le
Au Mali, un agent de santé communautaire a été équipé de lunettes intelligentes pour lui permettre de faire des téléconsultations
Au Mali, un agent de santé communautaire a été équipé de lunettes intelligentes pour lui permettre de faire des téléconsultations  —  UNDP Mali / Abel Agblevo

Le domaine de la télémédecine s’est développé en Afrique de manière incroyable, en marge de la pandémie du Covid-19. Une innovation dont le monde ne peut plus se passer et qui ne cesse d'évoluer grâce aux algorithmes de l’intelligence artificielle (IA). Mais à l'heure où plus de 670 millions d'Africains n'ont toujours pas accès aux soins de santé essentiels, d'autres technologies de santé numérique sont espérées sur le continent. Mais ce n'est pas tout...

Si dans les quatre coins de l'Afrique, de plus en plus de start-up misent sur l'e-santé et que le secteur est en plein essor, les efforts doivent être multipliés avant que l'IA ne puisse combler le manque de médecins sur le continent. 

Selon Laure Beyala, présidente fondatrice de la plateforme d'e-santé Expertise, chargée du développement de la santé numérique du continent, l'Afrique doit accélérer dans la voie de la digitalisation du secteur de la santé. "La transition des dossiers médicaux papier vers des dossiers médicaux électroniques peut améliorer l'efficacité et l'accessibilité des informations médicales. Cela facilite la coordination des soins entre les différents fournisseurs de santé et réduit les risques de perte ou d'erreurs de dossiers", explique l’experte. 

"La digitalisation peut faciliter la gestion des approvisionnements médicaux, en optimisant les chaînes d'approvisionnement, en prévoyant les besoins en médicaments et en équipements, et en améliorant la traçabilité des produits médicaux", plaide Laure Beyala. 

Pour améliorer la surveillance et la détection de maladies et d'épidémies, Laure Beyala plaide pour la mise au point de plateformes nationales ou interpays. Car les données épidémiologiques, les systèmes de déclaration des maladies et les outils de modélisation basés sur les données peuvent aider à prévenir et à contrôler la propagation des maladies et faciliter les stratégies de riposte. 

Toujours selon l'ingénieure franco-camerounaise, ces plateformes pourraient aussi servir à opérer un suivi des vaccinations avec un système de rappel de rendez-vous, de prises de médicaments, de vaccinations et de consultations de suivi. 

Des freins encore trop présents

Cependant, de nombreux pays doivent faire face à différents défis logistiques, juridiques et éthiques s'ils veulent faciliter l'adoption et l'utilisation des applications de santé numérique en Afrique. 

La faible disponibilité du réseau internet dans de nombreuses régions rurales du continent est un réel frein au développement de ces technologies. L'analphabétisme, le manque d’expertise en santé numérique, la collecte et la gestion des données ou encore la responsabilité en cas d'erreur de diagnostic sont aussi des obstacles en vue de la banalisation de l'usage du numérique en santé. 

Face à cette situation, il est nécessaire, selon pour Beyala, de mettre en place des politiques et des initiatives visant à améliorer les infrastructures, à renforcer les compétences, à garantir la disponibilité de données de qualité et à sensibiliser le public aux avantages potentiels de l'utilisation de l'IA dans le secteur de la santé en Afrique. Une collaboration entre les gouvernements, les organisations de santé, les institutions académiques et les partenaires internationaux peut jouer un rôle clé dans la promotion de l'adoption de l'IA de manière appropriée et équitable.  

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