Mohammed VI : C'est quoi la sarcoïdose, la maladie dont souffrirait le roi du Maroc ?

Quatre jours après le séisme qui a tué près de 3.000 Marocains, le roi du Maroc, Mohammed VI, est apparu devant une foule immense à Marrakech. Une absence qui serait liée à ses problèmes de santé.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
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Le roi du Maroc, Mohammed VI, au chevet des victimes du séisme
Le roi du Maroc, Mohammed VI, au chevet des victimes du séisme  —  MAP

Cela fait désormais quatre jours qu'un terrible séisme a touché la province d'Al-Haouz, au sud-est de Marrakech. Mais malgré l'ampleur de la catastrophe, le souverain Mohammed VI ne s'est pas montré dans les lieux du drame. Seule une séquence le montrant entouré de hauts gradés et animant une réunion de crise a été diffusée sur la télévision marocaine ce samedi. 

Au moment où les secousses meurtrières ont frappé le Maroc, le roi Mohammed VI n'était pas au Royaume. Selon plusieurs médias, le souverain était à Paris pour un voyage privé. Un déplacement qui serait lié à l'état de santé de la plus haute autorité du pays. Opéré du coeur en 2018 et 2020 sur le sol français, le roi du Maroc souffrirait d'une sarcoïdose, une maladie rare et peu connue. Son évolution serait régulièrement suivie en France.

Une maladie qui atteint tous les organes

La sarcoïdose touche principalement les poumons mais peut atteindre tous les organes du corps. Elle se caractérise par l'accumulation de granulomes dans différents organes (c'est-à-dire des accumulations de cellules inflammatoires, sortes de grains microscopiques, parfois visibles lorsqu'ils sont situés dans la peau). Cette maladie prend deux formes différentes, l'une aiguë (nommée syndrome de Löfgren, qui représente 20 à 30% des cas), et l'autre chronique.

La première forme se manifeste par une fièvre, des douleurs dans les articulations et d'un érythème noueux (en d'autres termes, des bosses douloureuses au niveau des jambes, traduisant l'atteinte du derme, la couche profonde de la peau). Une radiographie du thorax révèle alors des granulomes, en dépit de l'absence de symptôme respiratoire. De simples antalgiques ou anti-inflammatoires soulagent alors les douleurs, et la guérison est observée en quelques semaines (sans séquelles de 8 à 9 fois sur 10). Une récidive est observée dans 5% des cas et, 1 fois sur 10, la forme aiguë évolue en forme chronique, justifiant une surveillance systématique de 2 ans.

La sarcoïdose chronique est plus insidieuse, parfois asymptomatique. Les granulomes peuvent envahir tous les organes mais, dans la grande majorité des cas, c'est la cage thoracique qui est concernée, à la fois au niveau des poumons et des ganglions lymphatiques. Une toux persistant plus de 2 semaines et un essoufflement sont alors présents. Autres symptômes possibles : un gonflement indolore d'un ganglion ou d'une glande salivaire, un œil rouge et douloureux (provoquée par une uvéite), de la fatigue, de la fièvre, une éruption sur la peau, des douleurs dans les articulations, une névralgie faciale, etc. Les os, les reins, le système nerveux et le cœur sont des cibles rares mais possibles de la sarcoïdose. Le diagnostic de la forme chronique nécessite une biopsie d'un granulome.

L'évolution de la maladie

La maladie sous sa forme chronique se manifeste lors de "poussées", avec des exacerbations des symptômes. Elle dure plusieurs années. Elle peut soit se stabiliser et guérir (dans 50% des cas, elle disparaît spontanément en moins de 3 ans), soit s'aggraver et menacer le bon fonctionnement de l'organe (ou des organes) touché(s). Un traitement est alors mis en place pour limiter le développement des granulomes et protéger les poumons d'une insuffisance respiratoire. 

Heureusement, la guérison sans séquelle concerne plus de la moitié des patients, et les formes graves ne concerneraient que 0,5% à 5% de l'ensemble des sarcoïdoses. Environ 15% des malades garderont des séquelles de la maladie, le plus fréquemment une diminution des capacités respiratoires.

Les traitements de la sarcoïdose

Si la forme aiguë est soulagée par de simples antalgiques, la forme chronique justifie un traitement dans la moitié des cas. Il s'agit le plus souvent d'un corticoïde en comprimé ou, pour la peau et les yeux, en crème ou collyre. L'hydrochloroquine, médicament utilisé contre le paludisme, apparait efficace contre les atteintes cutanées.

Ce n'est qu'en cas d'échec du corticoïde que seront utilisés des médicaments agissant sur le système immunitaires (ce sont des immunosuppresseurs, comme le méthotrexate ou l'azathioprine, voire un anti-TNF alpha). Les formes chroniques sont également soulagées par une hygiène de vie stricte : arrêt du tabac, protection solaire, activité physique, réduction des apports en sucre, sel et graisses. La vaccination contre la grippe est particulièrement recommandée en cas d'atteinte respiratoire.

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