Le nombre de décès dus au paludisme explose en raison de la pandémie de Covid-19

Mauvaise nouvelle, près de 627.000 personnes sont mortes en 2020 des suites du paludisme. Soit environ 70.000 décès supplémentaires par rapport à l'année précédente, dont les deux tiers sont liés aux perturbations dues à la pandémie de Covid-19.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
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Un bébé est soumis à un test de dépistage du paludisme dans un village du Tchad
Un bébé est soumis à un test de dépistage du paludisme dans un village du Tchad  —  Unicef / Frank Dejongh

On y a échappé ! Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'attendait, au pire des cas, à un doublement des décès dus au paludisme en Afrique subsaharienne en raison de la pandémie de Covid-19, le continent a évité ce scénario apocalyptique. Mais pas de triomphalisme non plus : en Afrique, les infections ont augmenté de 15 millions de cas à 228 millions entre 2019 et 2020, le nombre de morts a aussi augmenté pour passer de 534.000 à 602.000 en un an.

Dans son rapport annuel sur le paludisme dans le monde, l'OMS rappelle aussi qu'après des succès "phénoménaux" dans les années 2000, la lutte contre la maladie a atteint un plateau depuis 2017. A l'ombre du Covid-19, le paludisme (qu'on appelle aussi malaria) a affecté 241 millions de personnes à travers le monde, soit 14 millions de plus qu'en 2019. Il a fait 627.000 morts. Toujours selon l'agence onusienne, des perturbations dans la fourniture de services de prévention, de diagnostic et de traitement du paludisme pendant la pandémie de Covid-19 sont à l'origine d'au moins 47.000 décès supplémentaires. 

"Je pense que nous sommes au bord d'une potentielle crise du paludisme", a mis en garde le docteur Pedro Alonso, directeur du programme paludisme à l'OMS. Avant d'appeler à une remobilisation contre ce qui reste "un problème massif de santé publique au niveau mondial et qui doit être pris à bras le corps, avec les pays, où la maladie est encore endémique, qui mènent la charge". A ce stade, la région Afrique de l'OMS, compte 95% des cas de paludisme et déplore 96% des morts. Et 80% des décès en Afrique frappent des enfants de moins de 5 ans.

Le vaccin est en approche

Malgré tout, l'espoir est toujours là. "En dépit des restrictions et perturbations liées à la pandémie de Covid-19, les pays où le paludisme est endémique ont réussi à éviter le scénario du pire que beaucoup, y compris l'OMS, avaient annoncés. Et ça c'est un message très positif", rappelle le docteur Alonso. Alors que le premier vaccin antipaludique chez les enfants a été récemment homologué par l'OMS, le conseil d'administration de l'Alliance du vaccin (Gavi) a donné son feu vert la semaine dernière à un programme de vaccination des enfants contre le paludisme en Afrique subsaharienne. 

Depuis 2019, trois pays d'Afrique subsaharienne, le Ghana, le Kenya et le Malawi, ont commencé à introduire le vaccin "RTS,S" dans des régions sélectionnées où la transmission du paludisme est de modérée à sévère. Deux ans après le début de ce premier test grandeur nature au monde, 2,3 millions de doses de vaccin ont pu être administrées.

Fabriqué par le géant pharmaceutique britannique GSK, le "RTS,S" est le premier vaccin, et le seul jusqu'à présent, ayant montré une efficacité pour réduire significativement le nombre de cas de paludisme, y compris de paludisme grave menaçant le pronostic vital, chez les enfants.

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