Guinée : le virus de Marburg détecté dans le pays

La Guinée craint une épidémie de fièvre hémorragique à virus de Marburg. Semblable à Ebola, le virus de Marburg est classé parmi les agents pathogènes les plus virulents chez l'homme.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Les chauves-souris sont suspectées d'être à l'origine de la plupart des épidémies (photo d'illustration)
Les chauves-souris sont suspectées d'être à l'origine de la plupart des épidémies (photo d'illustration)

La Guinée s'inquiète. Alors que le pays vient tout juste d'annoncer la fin de la deuxième épidémie d'Ebola sur son territoire, une nouvelle menace sanitaire inquiète les autorités. "Un cas probable" de fièvre hémorragique à virus de Marburg a été détecté en Guinée forestière.  

Le virus de Marburg est de la même famille que celui d'Ebola et figure, comme lui, parmi les agents pathogènes les plus virulents chez l'homme, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le taux de létalité de la maladie est peut atteindre les 88%. Le virus, porté par une espèce de chauve-souris (Rousettus aegypticus) se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux sauvages infectés.

Analyses en cours à l'Institut Pasteur

Ce cas probable de maladie à virus Marburg a été notifié jeudi dernier à Tèmèssadou M'boké, dans la région de NZérékoré (sud-est), a indiqué l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) sur Twitter. Les autorités ont décidé d'envoyer un échantillon à l'Institut Pasteur de Dakar pour confirmer les analyses de deux laboratoires nationaux guinéens. Elles ont aussi décidé de lister les contacts, rechercher d'autres cas suspects, renforcer la surveillance et sensibiliser la population dans la zone, mais n'ont fourni aucune précision sur l'état de santé du patient infecté.

La possible apparition du virus de Marburg est une première en Guinée, selon l'ANSS. Elle surviendrait après l'annonce le 19 juin de la fin de la deuxième épidémie d'Ebola dans ce pays, qui avait rapidement été vaincue grâce à l'expérience accumulée en 2013-2016, quand elle avait fait des milliers de morts en Guinée et en Afrique de l'Ouest. L'épidémie d'Ebola de 2013-2016 était partie à l'époque de la même région de Guinée forestière. Le climat tropical, chaud et humide, et la faune luxuriante de cette région offrent un terrain particulièrement favorable à la prolifération de zoonoses, des pathogènes animaux, qui peuvent ensuite passer chez l'homme.

Étudier les animaux pour prévenir les pandémies

Pour identifier les agents pathogène de demain et prévenir de futures pandémies, les scientifiques étudient au plus près des foyers de contaminations. Au Gabon notamment, les chercheurs du Centre interdisciplinaire médical de recherches de Franceville (CIRMF) travaillent d'arrache-pied sur ces maladies issues du monde animal. Pour le professeur Gaël Maganga, qui dirige l'unité Émergence des maladies virales du (CIRMF), les comportements humains sont souvent à l'origine de l'émergence de virus. 

"Avec la pression démographique, l'intensification de l'agriculture, ou encore la chasse, les contacts entre les humains et les animaux sont de plus en plus fréquents", explique-t-il. "Il faut arrêter de penser que l'Homme est d'un côté, et l'animal de l'autre", renchérit Pauline Grentzinger, vétérinaire du Parc naturel de la Lékédi au Gabon. "En matière de santé, ce qui se passe chez l'un va avoir un impact chez l'autre". Après le Covid-19, cette apparition du virus de Marburg en Guinée pourrait être un nouvel exemple des dangers de l'expansion humaine sur des territoires toujours plus reculés. 

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