En pleine crise de Covid, près de 1.200 médecins s'apprêtent à quitter l'Algérie

L’Algérie se vide de ses médecins. Chaque année, des milliers d’entre eux fuient vers la France ou ailleurs. Comment le pays compte-t-il faire face à un tel exode ?

Sabrina El Faïz
Rédigé le
Le médecin tunisien se fait rare
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Il y a de quoi s'inquiéter. A l'heure où l'Algérie assiste à une baisse du nombre de nouveaux cas de Covid, un nouveau chiffre crée la polémique : 1.200, c'est le nombre de médecins, de différentes spécialités, qui s'apprêteraient à quitter le pays après y avoir été formés pour exercer en France.  

Révélé par le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), ce chiffre reflète un problème qui ne cesse de s'aggraver : l'exode massif des médecins maghrébins vers l'Europe. Un exemple ? Il suffit de jeter un oeil sur la liste des praticiens ayant validé les concours d'équivalence mis en place par la France, des examens qui permettent à des médecins formés hors de l’Union européenne d'exercer sur le sol français. Chaque année, les noms à consonance maghrébine sont largement majoritaires...

L'exode des médecins algériens ne date pas d'hier. En 2018, 4.000 médecins et étudiants en médecine ont postulé pour un départ à l’étranger. Si la France a toujours été la destination préférée des médecins algériens, d'autres pays commencent à concurrencer l'Hexagone où plus de 15.000 médecins algériens seraient en poste. A en croire le Dr Merabet, certains praticiens n'hésitent pas aujourd'hui à apprendre l'allemand ou le turc pour exercer donc en Allemagne ou en Turquie. 

Des conditions de travail difficiles

La fuite des médecins algériens peut s'expliquer par leurs conditions de travail. Bon nombre de professionnels regrettent l'absence de moyens dans les hôpitaux, le manque d'effectif et l'absence d'une gestion de carrière. Autre explication, le manque d'opportunités pour les nouveaux diplômés qui passent par la case chômage, faute de postes disponibles. 

Interrogé récemment sur le sujet, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, a estimé que le départ massif des médecins n'était pas propre à l'Algérie, en citant notamment les exemples de l'Inde et l'Egypte. Mais en réalité, c'est toute l'Afrique qui n'arrive plus à retenir ses médecins. Chaque année, on estime que 20.000 professionnels de la santé (médecins, infirmiers, sages femmes...) quittent le continent africain pour exercer en Europe ou en Amérique du nord. Jusqu'à quand ?  

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