Au Maroc, la psychiatrie n'attire pas les étudiants

Seuls sept médecins se sont spécialisés en psychiatrie au cours de l’année 2022. Le Maroc souffre d’un déficit alarmant en matière de ressources humaines dans ce secteur.

Kaoutar Adghirni
Rédigé le , mis à jour le
Une consultation chez un psychiatre
Une consultation chez un psychiatre  —  Shutterstock

C’est un chiffre qui interpelle. Seulement sept étudiants en médecine se sont spécialisés en psychiatrie au cours de l’année 2022, selon le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb. "Ce chiffre prouve que la psychiatrie séduit très peu d’étudiants même si le Ministère lui accorde beaucoup de postes", a-t-il déclaré lors d’une séance parlementaire.  

Alors que l’OMS recommande un ratio de 2,7 psychiatres pour 100.000 habitants, le Maroc est "loin d’atteindre ce chiffre, avec moins d’un psychiatre pour 100.000 habitants", précise Khalid Ait Taleb. Le besoin est d’autant plus croissant que les maladies mentales concernent près de 50 % des Marocains, selon le Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE).

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Préjugés et manque d’infrastructures

Ce manque d’engouement pour la psychiatrie est dû, selon beaucoup d’étudiants, à une prédominance de préjugés lié à cette spécialité et aux maladies mentales en général. "J’ai dû me battre pour convaincre mon entourage de cette spécialité moins rentable pour eux", confie Ismail, jeune étudiant en psychiatrie à l’Opinion.      

D’autre part, des lacunes liées au nombre et à la qualité des infrastructures sont observées dans ce secteur. Le royaume dispose de 2.225 lits seulement pour la santé mentale, soit 0,7 lit pour 10.000 habitants. Un chiffre qui est loin d’atteindre la norme internationale préconisant 1 lit pour 10.000 habitants.

"Il est à mon sens nécessaire d’allouer plus de budgets à ce domaine afin de former plus de personnel et de doter les hôpitaux de services de psychiatrie. C’est une mesure préconisée par l’OMS qui a l’avantage d’apporter plus de proximité aux patients et de contribuer à déstigmatiser la maladie mentale", affirme Mohamed Agoub, psychiatre et président de la Ligue pour la santé mentale.          

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