Covid, Ebola, choléra, maladie de Marburg... l'Afrique de l'Ouest a plusieurs épidémies à gérer de front
Alors qu'elle enregistre son plus grand nombre de décès dus au Covid-19 depuis le début de la pandémie et que certains pays sont aux prises avec d'autres épidémies, l'Afrique de l'Ouest retient son souffle.
![Badr Kidiss](https://static.allodocteurs.africa/btf-12-2174-square-64/8b64e60ac72713a58851a9c0f9f3823e/media.jpg)
![Le nombre de décès dus au coronavirus explose en Afrique de l'Ouest (photo d'illustration)](https://static.allodocteurs.africa/btf-12-14-thumb-660/75a8c137550f080e17d355293c51759b/media.jpg)
L'heure est grave. Ces derniers jours, l’Afrique de l’Ouest enregistre son plus grand nombre de décès dus à la COVID-19 depuis le début de la pandémie. En même temps, plusieurs pays sont aux prises avec des flambées épidémiques de choléra, de maladie à virus Ebola et de maladie à virus de Marburg. De quoi menacer d’éprouver davantage la sous-région et sa capacité d’intervention en situation d’urgence déjà mise à rude épreuve.
Ces quatre dernières semaines, le nombre de décès dus au Covid-19 en Afrique de l’Ouest a augmenté de 193 %, passant de 348 décès au cours des quatre semaines précédentes à 1018 décès au 15 août, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Bien que le taux de létalité, autrement dit la proportion de personnes diagnostiquées positives à la maladie et qui sont décédées, se situe à 1,4 % (en dessous de la moyenne continentale de 2,5 %), il est plus élevé que le taux de létalité recensé lors des deux vagues précédentes qui ont touché la sous-région. Ces chiffres indiquent bien que les systèmes de santé sont fortement sollicités en raison du nombre élevé d’infections. Si le nombre de nouveaux cas en Afrique de l’Ouest a baissé cette semaine, il a d’abord augmenté continuellement sur huit semaines consécutives.
Au 15 août, 244.000 nouveaux cas avaient été détectés en une semaine sur le continent africain, soit une baisse de 11 % par rapport à la semaine précédente et une deuxième semaine consécutive marquée par une diminution du nombre de cas. Cependant, neuf des 23 pays confrontés à une résurgence se trouvent en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire, la Guinée et le Nigéria font face à un regain des cas et les trois pays sont confrontés à d’autres flambées.
Des systèmes de santé très fragiles
Les systèmes de santé en Afrique de l’Ouest sont encore plus fragiles que ceux des autres sous-régions. Une évaluation de la fonctionnalité des systèmes de santé réalisée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Afrique de l’Ouest a révélé que le niveau de performance des systèmes de santé de la sous-région ouest-africaine était de 21 % inférieur à celui des systèmes de santé de l’Afrique australe.
"Nous sommes particulièrement préoccupés par l’Afrique de l’Ouest et nous nous attendons à ce que l’impact de la COVID-19 sur les services de santé s’intensifie rapidement", a indiqué la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Avant d'ajouter qu'"en plus de la forte sollicitation des services de santé due à la COVID-19, il faudra compter avec l’impact de la maladie à virus Ebola et des autres flambées. Combattre simultanément plusieurs épidémies est un défi complexe".
Des campagnes de vaccination timides
À ce jour, l’Afrique de l’Ouest a reçu environ 29 millions de doses de vaccin, soit presque autant que dans la zone Afrique de l’Est et australe. Cependant, le rythme de déploiement du vaccin a été faible. À peine 38 % des doses ont été administrées, contre 76 % en Afrique de l’Est et australe et 95 % en Afrique du Nord. En Afrique de l’Ouest, 2,4 doses de vaccin ont été administrées pour 100 personnes. En Afrique de l’Est et australe, ce chiffre s’élève à 4,8 doses pour 100 personnes.
Les expéditions de vaccins vers l’Afrique ont repris avec notamment le Mécanisme COVAX, qui a déjà acheminé près de 10 millions de doses vers l’Afrique au mois d’août, soit neuf fois plus que les livraisons effectuées à cette même période en juillet. L’Union africaine a expédié 1,5 million de doses à neuf pays. Depuis le mois de juin, le nombre de doses administrées pour 100 personnes en Afrique subsaharienne a presque triplé, passant de 1,2 dose pour 100 personnes à 3,4 doses pour 100 personnes.
"Alors que les expéditions de vaccins contre la COVID-19 semblent s’accélérer, l’Afrique est confrontée à de nouvelles difficultés. L’intention de certains pays d’introduire des doses de rappel constitue une menace à la promesse d’un avenir meilleur pour l’Afrique. Certains pays plus riches bafouent ainsi le principe de l’équité en matière de vaccins, en accaparant des doses", a souligné Dre Moeti.
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