Cameroun : arrestations après la découverte d'un réseau d'avortements clandestins
Au Cameroun, la gendarmerie poursuit son enquête après avoir démantelé un réseau de jeunes malfaiteurs présumés qui avait depuis 5 ans réussi le triste exploit d’éliminer 300 fœtus et provoqué la mort de 20 femmes.
Pour la gendarmerie camerounaise, ce sont des prises de choix. Les autorités ont annoncé le 16 Juillet le démantèlement d’un réseau qui sévissait dans la capitale Yaoundé. Le groupe spécialisé dans les avortements clandestins était dirigé depuis 5 ans par un étudiant en gynécologie. Il aurait conduit 300 avortements hors de tout cadre médical et provoqué de nombreuses mutilations génitales ainsi que la mort de 20 femmes.
Les éléments de la brigade de gendarmerie de Melen à Yaoundé ont été alertés par l’enquête d’un activiste des droits de l’homme, Polycarpe Atangana. Ce dernier, interrogé par l’antenne camerounaise Radio Equinoxe a expliqué que des “aînés académiques“ de l'étudiant se livraient également à “ce genre de pratiques“.
"Une atteinte à l’honorabilité de la profession médicale"
L’étudiant de l’Institut Supérieur de Technologies Médicales (ISTM) de Nkolondom et ses complices présumés auraient pratiqué ces avortements en échange de 20.000 ou 40.000 Francs CFA. Parmi ceux-ci, un médecin de l’hôpital de District de Mvog-Ada (Yaoundé) et deux élèves fréquentant un collège de la capitale camerounaise.
Au moment où la gendarmerie annonce d’autres investigations, le professeur Tetanye Ekoe, un des responsables de l’Ordre National des Médecins du Cameroun pointe de regrettables “pratiques anti-déontologiques (qui) deviennent criminelles“ et “portent atteinte à l’honorabilité de cette noble profession médicale“.
L'avortement reste tabou en Afrique
En Afrique, de très rares pays, comme le Cap-Vert, l'Afrique du Sud et la Tunisie autorisent l'avortement dans un cadre médical. Du fait de l'interdiction stricte des avortements dans de nombreux pays, les grossesses non planifiées conduisent souvent à ces avortements clandestins hors d'un cadre médical. "On parle d’avortement non sécurisé lorsqu’une interruption de grossesse est pratiquée soit par une personne qui n’a pas de compétences / d’informations nécessaires ou dans un environnement où les normes minimales médicales ne sont pas appliquées, ou les deux", explique l’Organisation mondiale de la santé.
D’après l'OMS, à l’échelle du monde, une grossesse sur cinq se termine par une interruption volontaire et près de 47.000 femmes meurent, chaque année, suite aux complications liées aux avortement non médicalisés. Certains pays prévoient toutefois des exceptions dans le cas ou la vie de la mère est menacée. Le protocole de Maputo, adopté par l’Union africaine (UA) le 11 juillet 2003, cherche à favoriser l'avortement médicalisé dans ces cas.
Le poids des religions et traditions
Pour l'OMS, afin de prévenir les grossesses non désirées et les avortements non sécurisés, les pays doivent élaborer des politiques d’appui et prendre des engagements financiers pour :
- fournir une éducation sexuelle complète
- un large éventail de méthodes contraceptives, y compris la contraception d’urgence
- des conseils de planification familiale adéquats
- l’accès à l’avortement sécurisé et légal
Ces conseils se heurtent dans de nombreux pays aux valeurs religieuses et traditionnelles.
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