Bientôt, un nouveau vaccin contre le paludisme ?

La dose de rappel d’un vaccin antipaludique présente une très bonne protection contre la maladie. Les chercheurs espèrent que ce vaccin bon marché pourra être produit à grande échelle dans quelques années.

Muriel Kaiser avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Une médecin vaccine une enfant
Une médecin vaccine une enfant  —  Shutterstock

Un nouveau vaccin pourrait représenter un tournant dans la lutte contre la maladie. Il a été développé par des scientifiques de l'Université d'Oxford. Les résultats ont été publiés le 7 septembre dans The Lancet Infectious Diseases

Il s’agit d’une arme de plus dans la lutte contre le paludisme. Et celle-ci s’avère considérable. En effet, l’année dernière, un vaccin produit par le géant pharmaceutique britannique GSK est devenu le premier vaccin antipaludique à être recommandé pour une utilisation généralisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il a depuis été administré à plus d'un million d'enfants en Afrique. 

Un vaccin bien plus efficace

Mais des recherches ont montré que l'efficacité du vaccin de GSK était d'environ 60 % et diminuait considérablement avec le temps, même avec une dose de rappel. 

Or le nouveau vaccin R21/Matrix-M d'Oxford est, lui, efficace à 77 % pour prévenir le paludisme. C'est la première fois qu'un vaccin dépasse l'objectif d'efficacité fixé par l'OMS à 75 %. 

Une étude faite avec 450 bébés

Pour l'étude, 450 enfants âgés de cinq à 17 mois au Burkina Faso - où le paludisme représente environ 22 % de l'ensemble des décès - ont reçu trois doses en 2019. Ils ont été divisés en trois groupes : deux ont reçu différentes doses de l'adjuvant Matrix-M (un ingrédient vaccinal), le troisième groupe témoin a reçu un vaccin contre la rage. 

Avant la saison des pluies de 2020 et l’augmentation des cas de paludisme augmentent, 409 enfants sont revenus pour recevoir une injection de rappel. 

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Une seule dose de rappel

Pour le groupe ayant reçu la plus forte dose d'adjuvant, l'efficacité du vaccin est passée à 80 %. Pour la dose la plus faible, l'efficacité était de 70 %. Surtout, un mois après avoir reçu le rappel, les anticorps ont retrouvé un niveau similaire à celui observé après les premières doses reçues un an plus tôt. 

"C'est fantastique de voir une efficacité aussi élevée après une dose de rappel unique", s'est réjoui l'un des auteurs de l'étude, Halidou Tinto, de l'Institut de recherche en santé du Burkina Faso IRSS.

Baisser les décès de 70 % d'ici 2030

Alors que le paludisme tue plus de 600.000 personnes, principalement des enfants, chaque année, "nous pourrions envisager une réduction très substantielle de ce fardeau horrible, une baisse des décès et des malades dans les années à venir, certainement d'ici 2030", a déclaré Adrian Hill, spécialiste des vaccins à Oxford et co-auteur de l'étude. 

Selon lui, une diminution de 70 % des décès dus au paludisme pourrait être atteignable dans ce délai, en partie grâce au grand nombre de doses de vaccin qui pourraient être produites rapidement. 

200 millions de doses dès l'année prochaine ?

En effet, Oxford s'est associé au plus grand fabricant de vaccins au monde, le Serum Institute of India. Cet institut "souhaite et est capable de fabriquer 200 millions de doses par an à partir de l'année prochaine", a déclaré Adrian Hill. Les six à dix millions de doses que GSK peut produire par an ne sont "pas suffisantes pour 40 millions d'enfants qui ont besoin de quatre doses la première année", a-t-il dit. 

Et le vaccin d'Oxford coûterait probablement quelques dollars américains par dose, moins de la moitié des 9 dollars pour la version de GSK, a-t-il ajouté. Les résultats d'un essai de phase 3 impliquant 4.800 participants dans quatre pays sont attendus plus tard cette année, ce qui pourrait potentiellement conduire à l'approbation du vaccin. 

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