Au Sénégal, la lèpre touche de plus en plus de jeunes

Au Sénégal, 56% des personnes ayant nouvellement contracté la lèpre sont des enfants de moins de 15 ans, selon un responsable national de lutte contre la maladie.

Barou Dembélé
Rédigé le
Les jeunes sont de plus en plus touchés par la lèpre
Les jeunes sont de plus en plus touchés par la lèpre  —  Fondation Raoul Follereau

Les chiffres font froid dans le dos. "56% des nouveaux cas de lèpre sont des enfants de moins de 5 ans", annonce le Dr Louis Hyacinthe Zoubi, coordonnateur du Programme national d’élimination de la lèpre qui reprend les conclusions d'une étude menée, entre 2020 et 2021, dans 5 villages de reclassement social. 

L'an dernier, plus de 15.000 enfants dans le monde ont été dépistés porteurs de la lèpre. Une mauvaise nouvelle, alors que cette maladie millénaire est guérissable. A l'occasion de la 69e Journée mondiale des malades de la lèpre qui coïncidait avec les 28, 29 et 30 janvier 2022, la fondation française Raoul Follereau avait annoncé que ce mal touche encore quelque 200.000 personnes par an dans le monde, dont certains, diagnostiquées trop tard, souffriront de séquelles irréversibles. 

Au Sénégal, l’enquête menée dans des villages dans les régions de Diourbel, Fatick, Kaolack (centre), Kédougou (est) et Thiès (ouest), s'est intéressée à la "faisabilité d’un dépistage de cas contact de la lèpre, associé à l’administration d’une dose unique de rifampicine à titre de prophylaxie post-exposition", nous explique le Dr Zoubi. Toujours selon ce dernier, "les résultats préliminaires ont identifié 32 nouveaux cas de lèpre sur 7.193 personnes dépistées, dans 1.078 ménages visités. 18 sur les 32 cas étaient âgés de moins de 15 ans". 

Une maladie peu contagieuse

Provoquée par un bacille proche de celui de la tuberculose, le Mycrobacterium leprae ou bacille de Hansen, du nom du biologiste norvégien qui l'a isolé, l'infection évolue très lentement et l'incubation peut durer dix voire vingt ans. 

L'apparition de taches insensibles sur la peau est le premier symptôme visible de la maladie. Contrairement aux idées reçues, la lèpre est peu contagieuse. Elle se transmet par les sécrétions nasales, les postillons, mais 90% des personnes en contact prolongé avec le bacille ne développent pas la maladie. Le bacille affecte principalement la peau, les nerfs, les muqueuses. 

Si les paupières sont paralysées et l'oeil non humidifié, le malade peut perdre la vue. Le malade cesse d'être contagieux dans les deux jours suivant la prise des premiers antibiotiques. Il faut six à douze mois de traitement pour guérir la lèpre, selon la forme de la maladie.

L'exemple guinéen

En 1991, l'OMS s'était fixé pour objectif d'éliminer d'ici 2000 la lèpre en tant que problème de santé publique : compter moins d'un cas de lèpre pour 10.000 habitants. Aujourd'hui, c'est presque chose faite en Afrique. Seuls les Comores n'ont pas encore atteint l'objectif de l’élimination de la maladie dans l’une de ses trois îles

Si le Sénégal a, lui aussi, encore du chemin à parcourir pour éliminer définitivement cette maladie tropicale négligée, la Guinée voisine pourrait lui servir d'exemple. Après avoir franchi le seuil d’élimination de la maladie il y a un peu plus dix ans, le pays ne recense désormais que 0,23 cas de contamination pour 10.000 habitants. 

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