Transmission, traitement, mortalité, variants... tout savoir sur la variole du singe

Alors que le Maroc est le premier pays africain non endémique à avoir repéré des cas suspects de variole du singe, AlloDocteurs Africa fait le point sur cette maladie.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
Le premier cas humain de variole du singe a été découvert en République démocratique du Congo en 1970
Le premier cas humain de variole du singe a été découvert en République démocratique du Congo en 1970  —  CDC

"La nature a horreur du vide". Cette phrase d'Aristote est plus que jamais d'actualité. Alors que la majorité des pays africains ont allégé leurs mesures de restriction anti-Covid, une autre maladie menace la planète. Il s'agit de la variole du singe, dont le nom scientifique est "orthopoxvirose simienne".  

Depuis quelques semaines, de nombreux cas de variole du singe sont signalés en Europe et en Amérique du Nord. De quoi inquiéter les Nations Unies et les principales organisations sanitaires dans le monde. Pourtant, cette maladie n'est pas méconnue sur le continent africain. Depuis 1970, elle sévit dans une dizaine de pays en Afrique de l'Ouest et en Afrique Centrale. Mais pour l'Organisation mondiale de la santé, "l'identification en mai 2022 de clusters de variole du singe dans plusieurs pays non endémiques [où la maladie ne circule pas, NDLR] sans lien direct avec des voyages en zone endémique est atypique". 

Lire aussi : Et si l'Afrique aidait le reste du monde face à la variole du singe ?

Mais c'est quoi cette maladie ?

Cousine de la variole qui a été éradiquée il y a plus de 40 ans, cette maladie est toutefois à ce jour considérée comme beaucoup moins grave et moins contagieuse. 

L'incubation peut en général aller de 5 à 21 jours et les symptômes ressemblent, en moins grave, à ceux de la variole (fièvre, maux de tête, douleurs musculaires...) au cours des cinq premiers jours. Puis apparaissent des éruptions cutanées (sur le visage, la paume des mains, la plante des pieds), des lésions, des pustules et enfin des croûtes.

Comment se transmet la variole du singe ?

L'infection des cas initiaux résulte d'un contact direct avec du sang, des liquides biologiques ou des lésions cutanées ou muqueuses d'animaux infectés. En l'état actuel des connaissances, la transmission secondaire - c'est-à-dire interhumaine - nécessite un contact étroit et prolongé entre deux personnes, et se fait principalement via la salive ou le pus des lésions cutanées formées au cours de l’infection.

Plusieurs experts ont souligné que si ce virus pouvait être attrapé pendant une activité sexuelle, ce n’en est pas pour autant une maladie sexuellement transmissible. Cette transmission pourrait être due aux contacts intimes et rapprochés lors de rapports sexuels et non pas par le rapport sexuel en soi.

Le singe est-il réellement à l'origine de cette zoonose ?

La variole du singe est causée par un virus transmis à l’être humain par des animaux infectés, le plus souvent des rongeurs. 

Le virus à l'origine de cette maladie a été découvert pour la première fois en 1958 au sein d’un groupe de macaques qui étaient étudiés à des fins de recherche, d’où son nom, explique l'institut français de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Autrement dit, ce sont sans doute les rongeurs qui seraient le réservoir de cette maladie. 

Quelle dangerosité ?

A ce jour, on sait qu'il existe deux variants du virus : l'une a été repérée en Afrique de l'Ouest, notamment au Nigéria, et l'autre a fait des ravages en République démocratique du Congo (RDC) et en Centrafrique. C'est le variant repéré dans quelques pays ouest-africains qui serait à l'origine de la multiplication des cas dans les quatre coins de la planète, et il serait le moins dangereux. 

Telle que connue jusqu'à présent, la variole du singe guérit en général spontanément et les symptômes durent de deux à trois semaines. Les cas graves se produisent plus fréquemment chez les enfants et sont liés à l'ampleur de l’exposition au virus, à l'état de santé du patient et à la gravité des complications. Le taux de létalité de la maladie varie de 1 à 10% selon le variant, des taux observés en zone endémique, dans des pays au système de santé défaillant. 

Mais une prise en charge médicale adéquate réduit considérablement les risques et la plupart des personnes guérissent spontanément. Dans les pays où la maladie a été repérée récemment, les cas observés sont pour la plupart bénins et il n'y a pas de décès recensés.

Et pour le traitement ?

Il n’existe pas de traitements ou de vaccins spécifiques contre l'orthopoxvirose simienne, mais on peut endiguer les multiplications de cas, explique encore l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il a été prouvé dans le passé que la vaccination antivariolique avait alors une efficacité évaluée à 85% pour la prévention de la variole du singe. Les vaccins de 1ère et de 2e génération ne sont plus utilisés pour la population générale depuis 1984, du fait de l'éradication de la variole. 

Mais un vaccin de 3e génération (vaccin vivant non réplicatif c’est-à-dire ne se répliquant pas dans l'organisme humain) est autorisé en Europe depuis juillet 2013 et indiqué contre la variole chez les adultes. Il dispose également d’une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis pour la prévention de la variole et de la variole du singe.

Source : AFP

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