Stress hydrique : la soif menace les Marocains

Confronté à sa pire sécheresse depuis au moins 40 ans, le Maroc est aujourd'hui largement sous le seuil de la pénurie d'eau.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
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Le barrage de Ouirgane dans la région de Marrakech
Le barrage de Ouirgane dans la région de Marrakech

L'eau, cette ressource vitale est de plus en plus rare. Le stress hydrique menace aujourd'hui tout le Maroc. Comme de nombreux pays dans le globe, le Royaume chérifien a connu ces derniers mois des vagues de chaleur extrême, au sortir d'un hiver inhabituellement sec. A tel point que le taux de remplissage des réservoirs -- qui alimentent en eau potable les villes -- est de seulement 27%.

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Avec 600 mètres cubes d'eau par habitant et par an, ce pays d'Afrique du Nord est déjà largement sous le seuil de la pénurie d'eau, estimé à 1.700 m3 par habitant et par an, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). A titre de comparaison, la disponibilité en eau dans les années 1960 était quatre fois supérieure, à 2.600 m3. Ce qui place aujourd'hui le Maroc en "situation de stress hydrique structurel", selon un récent rapport de la Banque mondiale sur l'économie marocaine.

Des mesures pour économiser l'eau

Face à l'urgence, les autorités ont réagi en rationnant la consommation d'eau. Le ministère de l'Intérieur a ordonné aux autorités locales de restreindre la distribution d'eau quand c'est nécessaire et interdit l'arrosage des espaces verts et des golfs avec de l'eau potable. Les prélèvements illégaux dans des puits, des sources ou des cours d'eau sont également prohibés.

A plus long terme, le Maroc a programmé la construction de 20 stations de dessalement d'eau de mer d'ici 2030 qui devrait fournir une bonne partie de ses besoins en eau potable, selon le ministère de l'Equipement. 

"Nous sommes dans une gestion de crise plutôt que dans une gestion de risque anticipé", souligne l'expert en ressources hydriques Mohamed Jalil, qui juge également "difficile de faire un suivi efficace des mesures prises par les autorités".

"Arboriculture aquavore"

 L'autre talon d'Achille du pays est sa politique agricole "qui privilégie une arboriculture fruitière aquavore et marginalise les petits producteurs", souligne l'agronome Mohamed Srairi. Selon ce dernier, cette agriculture mise sur l'irrigation goutte à goutte, qui aboutit paradoxalement à une consommation accrue d'eau, pour rendre cultivable des zones arides. 

Le Maroc "a triplé" ses surfaces irriguées avec cette technologie et cela peut "avoir modifié les décisions de culture de manière à augmenter plutôt qu'à diminuer la quantité totale d’eau consommée par le secteur agricole", selon la Banque mondiale. De fait, plus de 80% des eaux au Maroc vont à l'agriculture, un secteur clé de son économie, qui représente 14% du PIB.

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