Séisme au Maroc : la difficile prise en charge des blessures mentales

Alors que la population marocaine vit dans la peur de nouveaux affaissements, les rescapés font face à des troubles de stress post-traumatique après le tremblement de terre.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
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Un rescapé raconte le séisme d'Al-Haouz
Un rescapé raconte le séisme d'Al-Haouz  —  MAP

"Le plus important, c'est que nous sommes en vie", se rassure-t-elle. Mais Khadija Temera est hantée par des images terribles, comme celles des escaliers qui se sont effondrés la piégeant elle et les neuf membres de sa famille, la vie sauvée in extremis.  

Sur les plus de 5.530 blessés du puissant séisme qui a ravagé la région montagneuse d'al-Haouz, "certains n'ont pas été seulement blessés et meurtris dans leur chair", ils ont aussi souvent été "endeuillés, ils ont perdu leur maison", explique le médecin commandant Adil Akanour. Il est le seul psychiatre de l'hôpital, alors que des villageois de certains hameaux enclavés, et qui sont restés plusieurs jours inaccessibles, déploraient leur isolement et l'absence de secours.

Les rescapés se retrouvent en "état de stress aigu fait de symptômes, physiques souvent dans un premier temps", explique le psychiatre. Sidération, palpitations, céphalées, douleurs abdominales peuvent être des manifestations qui "cachent" un problème psychologique, dit-il. 

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L'urgence de la prise en charge

La séparation des familles, l'insécurité, la perte des moyens de subsistance ou les perturbations des contacts sociaux, sont autant de problèmes sociaux potentiels, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui préconise une prise en charge urgente afin d'éviter le développement de troubles du stress post-traumatique. 

Or, le tremblement de terre du 8 septembre, le plus puissant jamais enregistré dans le royaume, a fait plus de 2.900 morts selon un bilan provisoire. Il a englouti des villages entiers et avec lui la vie de milliers de familles très modestes. 

Des milliers de personnes dont on ignore encore le chiffre sont sans abri, pour la majorité esseulées dans des tentes de fortune, ou, pour les plus chanceuses, abritées sous des tentes solides et fermées au vent fournies par le ministère de l'Intérieur. En parallèle, des milliers d'enfants ont perdu leur univers dans des villages reculés où l'accès aux soins est compliqué et plus encore tout suivi psychologique.  

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