Repassage des seins, excision, infibulation... Ces mutilations génitales féminines qui persistent en Afrique

Alors que ce 6 février coïncide avec la Journée internationale de la tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines, focus sur ces violences sexuelles qui sévissent encore en Afrique

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Sy Kadidia Toure, membre d’une ONG au Mali, conseille une jeune fille souffrant de complications graves après avoir été excisée
Sy Kadidia Toure, membre d’une ONG au Mali, conseille une jeune fille souffrant de complications graves après avoir été excisée  —  Unicef/Pirozzi

33. C'est le nombre de pays africains où les mutilations génitales féminines (MGF) sont encore pratiquées. En Afrique francophone, les MGF existent encore au Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Djibouti, Guinée, Mali, Mauritanie, Niger, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sénégal, Tchad et Togo. 

A l'heure actuelle, on estime qu'au moins 200 millions de femmes dans le monde auraient subi des mutilations génitales féminines. En Afrique, l'excision et la clitoridectomie (l'ablation partielle ou totale du clitoris et/ou du prépuce) sont les pratiques les plus répandues en Afrique, mais la situation varie d'un pays à l'autre. En Somalie par exemple, l'infibulation (la forme extrême de l'excision qui consiste à coudre l’orifice vaginal) représente environ 10% des cas de MGF. En Guinée, 97 % des filles et femmes ont été excisées, et environ 90% dans les régions du centre-est du Burkina Faso. Cet acte est aussi très répandu au Mali et, dans une moindre mesure, au Sénégal.

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En général, les mutilations génitales féminines désignent toutes les interventions aboutissant à l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre mutilation des organes génitaux féminins pratiquées pour des raisons non médicales. Toutes ces pratiques peuvent être réalisées à tout âge. Mais elles touchent essentiellement les plus jeunes filles, et même les bébés. Pourtant, les mutilations génitales féminines sont la cause de complications sévères et peuvent même causer la mort. Au nombre des risques les plus directs figurent les hémorragies, les chocs septiques, les infections, la rétention urinaire et des douleurs sévères. Les filles qui subissent des mutilations génitales féminines courent plus de risques d’abandonner l’école, ce qui hypothèque leurs perspectives d’un avenir meilleur pour elles et leurs communautés.

Le repassage des seins

Parmi les MGF les moins documentées, on peut citer le repassage des seins. Pourtant, ce phénomène est courant dans plusieurs régions d'Afrique. Cette mutilation génitale féminine, qui consiste à masser les seins avec des objets chauds pour réduire leur taille ou les faire disparaître, est notamment très pratiquée au Cameroun. On trouve également des traces de cette "torture" au Tchad, au Togo, au Bénin et en Guinée. 

Cette pratique traumatise généralement la jeune fille et entraîne de nombreux problèmes de santé tels que des cas d'infection, des kystes et même des cancers. Certaines victimes ne parviendront pas à allaiter un enfant, tandis que d'autres verront leurs seins produire du lait en dehors des grossesses. 

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Qu'il s'agisse du repassage des seins, de l'excision ou de l'infibulation, de nombreux facteurs contribuent à la prévalence de ces pratiques. Mais dans toutes les sociétés où elles ont cours, "les mutilations génitales féminines sont la manifestation d’une profonde inégalité entre les genres", estime l'Unicef. Et si les efforts ne sont pas intensifiés de manière drastique au niveau mondial, le nombre de filles et de femmes victimes de mutilations génitales féminines sera plus élevé en 2030 qu’aujourd’hui. 

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