Pr Vignes : "Nous pouvons encore faire des progrès pour traiter l’hydrocéphalie et le spina bifida"

Le Pr Jean-Rodolphe Vignes, neurochirurgien spécialisé en soins pédiatriques, conduisait la délégation humanitaire venue de France pour opérer de jeunes enfants au Cameroun.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
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Pr Vignes : "Nous pouvons encore faire des progrès pour traiter l’hydrocéphalie et le spina bifida"

L’hôpital Laquinitinie de Douala a abrité, du 6 au 10 décembre, une campagne contre l’hydrocéphalie et le spina bifida. Les équipes ont pour l’occasion été fortement appuyées par une délégation de médecins venue de France et agissant pour le compte de l’association humanitaire Teo Aquitaine. Le professeur Jean-Rodolphe Vignes, qui conduisait ce groupe, a dirigé les opérations. 

Ce neurochirurgien pédiatrique au CHU de Bordeaux insiste sur la nécessité de faire connaître ces deux pathologies pour mieux protéger les enfants. Cela passe par un dépistage et un traitement précoces, puis une surveillance étroite des jeunes patients opérés par des professionnels qualifiés. Interview.   

AlloDocteurs Africa : Qu’est-ce qui a motivé l’organisation de la campagne contre l’hydrocéphalie et le spina bifida au Cameroun ? 

Pr Jean-Rodolphe Vignes : Ce sont deux pathologies qu’il nous paraît important de faire découvrir au plus grand nombre, parce que ce sont deux troubles qui impactent énormément le système. Il y a d’une part l’hydrocéphalie, qui correspond à un trop grand volume de liquide céphalo-rachidien dans le cerveau et qui le compresse. Elle entraîne des séquelles parfois irréversibles. 

Et d'autre part le spina bifida, que les gens découvrent lorsque l’enfant naît. Une grosseur apparaît en bas du dos et peut malheureusement donner des séquelles à type de paraplégie, comme une paralysie des jambes. Pendant cette campagne, l’idée était de faire le tour des petits patients avec les équipes locales et de décider ensemble quelles sont les indications à opérer ou à ne pas opérer. Mais dans les deux cas, cela s’est fait avec également l’équipe de pédiatrie pour essayer de prendre en charge ces enfants.  

A.D.A : Que savez-vous de la situation de ces deux pathologies au Cameroun ?  

Pr J.-R.V : On travaille avec les autorités locales pour diminuer ce qu’on appelle le handicap néonatal et favoriser la protection maternelle et infantile. C’est important pour les autorités d'aller dans ce sens-là puisqu’au plan international, c’est un marqueur de progression d’un pays dans l’accès aux soins. 

Nous sommes donc très sensibles à la protection infantile, qui passe à la fois par le dépistage et par le traitement précoce. Nous avons constaté que nous pouvons encore faire des progrès sur ces deux points. Le facteur limitant ici est l’accès aux soins et le prix des soins. Je sais que le gouvernement travaille sur un taux minimum d’accès aux soins. Ce serait une très bonne chose qui révolutionnerait cette prise en charge chez ces enfants. 

A.D.A : Les enfants qui ont été opérés lors de cette campagne peuvent-ils espérer une guérison totale ou une réduction des dégâts causés par la pathologie sur leur santé ? 

Pr J.-R.V : La chirurgie n’est qu’une étape dans le parcours de ces enfants. Si on ne met pas en place un suivi, pour lutter contre la rigidité des jambes et des bras, ou pour prévenir les crises d’épilepsie, l'opération n'aura pratiquement servi à rien. Il faut vraiment travailler dans ce sens–là. C’est-à-dire, considérer qu’on peut opérer certes, mais après, il faut une surveillance par des professionnels qualifiés.                 

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