Pourquoi les Tunisiennes renoncent-elles à l’allaitement maternel ?

Alors que l’OMS recommande une durée d’allaitement maternel exclusif de 6 mois au minimum, la majorité des Tunisiennes abandonnent cette pratique pour de multiples raisons.

Kaoutar Adghirni
Rédigé le , mis à jour le
Une femme qui allaite son bébé
Une femme qui allaite son bébé  —  Shutterstock

Les Tunisiennes n’allaitent pas suffisamment leurs bébés. Selon les chiffres officiels, seulement 13,5 % des femmes optent pour l’allaitement maternel exclusif jusqu’à l’âge de 6 mois. La ministre de la Famille, de la femme, de l’enfance et des personnes âgées Amel Belhaj estime que "ce taux est faible et en régression continue, surtout que la moyenne est de 44 % dans plusieurs pays" africains

Pour encourager les femmes à allaiter le plus longtemps possible, le ministère de la Famille a organisé, début novembre, une campagne. Elle a pour objectif  de "sensibiliser les femmes aux bienfaits de l’allaitement naturel, et son impact positif sur la mère et l’enfant, outre son rôle dans la réduction des risques du cancer du sein", affirme Amel Belhaj.

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Des femmes très occupées ?

Alors que l’allaitement maternel était la règle avant 1960, le pourcentage des enfants allaités est passé de 46,5 % en 2000 à 6,2 % en 2006. De nos jours, la majorité des Tunisiennes éprouvent des difficultés à allaiter leurs bébés par manque de temps, d’énergie, ou à cause de certaines barrières psychologiques. "La charge mentale liée au travail domestique et professionnel est énorme pour les Tunisiennes", explique Marilena Viviani, représentante de l’Unicef en Tunisie.

Comme dans le reste des pays maghrébins, le milieu professionnel n’offre pas, ou très peu, aux femmes le temps et l’espace nécessaires pour allaiter leurs bébés durant les heures de travail. "Il existe pourtant une loi en Tunisie qui oblige les entreprises comptant plus de 50 femmes à avoir au moins une salle pour l’allaitement ou permettre à l’employée de tirer son lait et de le conserver dans un frigo", fait savoir Zahra Marrakachi, médecin et présidente de l’association Hanen pour la promotion de l’allaitement maternel.

L'association veut aussi passer par la mise en garde contre le marketing des laits artificiels qui exerce une énorme pression sur les familles tunisiennes. La publicité des substituts du lait maternel ciblent également les professionnels de santé pour les inciter à promouvoir leurs produits, même si la loi tunisienne interdit "toute publicité et toute promotion des laits artificiels dans les structures de santé publiques et privées".

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