Les serpents tuent 30.000 personnes chaque année en Afrique

En Afrique, les morsures de serpents constituent un problème de santé publique. Ils mordent un million de personnes et les conséquences sont souvent sérieuses.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le , mis à jour le
Atheris nitschei est une espèce de serpents de la famille des Viperidae
Atheris nitschei est une espèce de serpents de la famille des Viperidae

C'est si fréquent que vous connaissez sans doute quelqu'un à qui c'est arrivé ! Chaque année, les serpents mordent plus d'un million de personnes en Afrique. Et ça fait mal !  Dans plus de la moitié des cas, cela nécessite un traitement médical. Et les malheurs qu'ils entraînent semblent sans fin : 30.000 morts chaque année dans le continent, 3 fois plus d’amputations et autres conséquences à vie... C'est plus que les scorpions ou même la fièvre jaune (20 à 25.000 morts par an)  ! 

Mais qui sont les coupables? Deux familles de serpents sont à l'origine de la majorité dees morsures : les Elapidae (cobras et mambas) et les Viperidae (vipères). Le problème c'est qu'on les trouve partout ! Du Maroc à Madagascar... "Ces morsures de serpents venimeux provoquent des urgences médicales", détaille l'Organisation mondiale de la santé (OMS), "elles peuvent entraîner des paralysies sévères qui bloquent la respiration, des troubles sanguins, des insuffisances rénales irréversibles et des destructions tissulaires locales sévères". Qui conduisent donc jusqu'à l'amputation ou la mort...

Attention aux enfants !

Le problème est bien connu en Afrique... Se faire mordre par un serpent est le cauchemars des populations des zones agricoles, les plus souvent victimes ces attaques. Comme l'avait si bien résumé Kofi Annan dans une tribune publiée sur le journal français Le Monde, "les petits agriculteurs, leurs familles, les bergers et les personnes déplacées sont particulièrement vulnérables.Ces groupes manquent souvent des protections les plus élémentaires, comme des chaussures à l’épreuve des serpents ou des moustiquaires. Même si la victime survit, elle peut être incapable de subvenir aux besoins de sa famille".

Mais ce sont les enfants qui sont les plus exposés aux morsures, à cause de leurs jeux dans la nature. Et le poison agit plus violemment sur eux car leur corps est plus petit ! ``On pourrait pourtant éviter la plupart des morts et conséquences graves  en généralisant la disponibilité des "sérums antivenimeux", des produits qui contiennent un "agent immunogène" qui contre l'effet toxique du venin sur le corps humain.

Pas assez de sérums...

Ces sérums sont précieux...  mais la grande majorité des victimes n’y ont pas accès !  Ils sont souvent trop cher, quand ils ne sont pas carrément introuvables ! Plusieurs laboratoires pharmaceutiques ont arrêté leur production pour l'Afrique car elle ne rapporte pas assez. La plupart des familles de victimes se tournent donc vers des guérisseurs traditionnels ou ont recours à des sérums moins chers et efficaces. Ils en payent malheureusement les conséquences sur leur santé.

Le vrai problème des morsures de serpents, c'est en fait que les systèmes de santé publique en Afrique ne les comptent pas ! Les hôpitaux ne ne listent que rarement et les ministères ne centralisent pas ces chiffres...  "Cela a un effet sur la disponibilité des sérums antivenimeux. Il en résulte une sous-estimation des besoins par les autorités sanitaires nationales, une faible demande aux fabricants pour la production des sérums des achats et distributions inadaptées dans les pays", détaille l'OMS.

Il  y a des raisons d'espérer. L'Organisation a décidé, en 2017, d'ajouter la morsure de serpent à la liste des maladies tropicales et de mettre en oeuvre une stratégie sur la prévention et le contrôle de morsures, avec l'objectif ambitieux de réduire de moitié le nombre de morts et les cas d’invalidité d’ici 2030. Là encore, il faudrait que les gouvernements et les bailleurs de fonds (ceux qui financent ces efforts) croient en cette stratégie. Car tout cela demande de la volonté... et de l'argent. 

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