Les Béninoises face à la précarité menstruelle

La période des règles est un sujet dont on parle peu, voire pas du tout. Au tabou et à la honte s'ajoutent une précarité qui rend les protections hygiéniques inaccessibles aux jeunes filles béninoises et aux femmes en âge de procréer.

Léonard Kabo
Rédigé le
Les protections hygiéniques ne sont pas très accessibles au Bénin
Les protections hygiéniques ne sont pas très accessibles au Bénin

La menstruation est un phénomène naturel qui se produit chez toutes les femmes en âge de procréer. Pour bien vivre cette période du cycle, les protections hygiéniques ou garnitures sont plus que nécessaires. Faute de moyens financiers, les Béninoises ont du mal à accéder à ces produits pourtant élémentaires. 

Ces difficultés portent un nom : la précarité menstruelle. Cela n'est pas sans conséquence, sur la santé des femmes. La mauvaise gestion des menstruations peut être facteur de maladies, comme le syndrome du choc toxique. "Lorsque les normes ne sont pas suivies, lorsque la femme n'observe pas les règles d'hygiène qu'il faut, ça peut être une source d'infection" prévient le Docteur Fanny Ahouingnan Hounkponou, gynécologue-obstétricienne en service au Centre Hospitalier Universitaire Départemental du Borgou ( Chud-Borgou).

Le risque n'est pas que sanitaire. Une enquête menée par l'association Aide et Action sur la gestion de cette problématique en milieu scolaire dans les communes d’Adjarra, d’Avrankou et de Porto-Novo, a révélé qu’environ 15,2% des filles ont manqué la classe à cause de leurs règles. Les raisons principales de cet absentéisme sont les douleurs au bas-ventre (69%) et les moqueries des camarades (29%).

"C'est compliqué. C'est la période où je rencontre beaucoup de difficultés surtout à cause du sang qui coule et qui me met mal à l'aise". Jeannette, la vingtaine, rencontrée au marché Arzèkè de Parakou.

Des protections hygiéniques coûteuses

Les protections uniques sont coûteuses et pas à la portée de toutes les bourses. Elles sont vendues en pharmacie et dans les magasins de ventes de produits féminins. En période de menstrues et pour une bonne hygiène, la femme doit les changer trois à quatre fois par jour en fonction de son flux. 

Face à cette situation, de nombreuses Béninoises se contentent de garnitures dites traditionnelles. Elles sont utilisées par la majorité des femmes surtout en zone rurale car ne nécessitant pas de moyen financier. Pour l'entretien de cette protection hygiénique, il est nécessaire de la laver immédiatement et la sécher au soleil. Si possible, à l'aide d'un fer, elle peut-être "repasser". Cette technique permet de tuer les éventuels microbes restant avant un nouvel usage. 

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