En Tunisie, Amnesty International dénonce les disparités dans l’accès au vaccin anti-Covid

Selon l'ONG, la réponse apportée par les autorités tunisiennes à la pandémie de Covid-19, et en particulier leur gestion de la campagne nationale de vaccination, a révélé des inégalités profondément ancrées dans le système de santé du pays.

Sabrina El Faïz
Rédigé le
Un médecin consulte un Tunisien atteint du Covid-19
Un médecin consulte un Tunisien atteint du Covid-19  —  Hasan Mrad / Shutterstock

Les chiffres ne parlent pas toujours d'eux-mêmes. Plus de 7 millions de Tunisiens ont désormais reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19. Mais la campagne vaccinale menée tambour battant n'avance pas à la même vitesse selon les régions. Le taux de personnes vaccinées avec trois doses approche les 60 % dans certaines zones urbaines, tandis qu’il ne dépasse pas 4,5 % dans beaucoup de régions rurales. C'est ce qui ressort en tout cas du dernier rapport d'Amnesty International. 

Afin de déterminer quels sont les obstacles structurels qui empêchent les habitants des régions marginalisées en Tunisie d’accéder équitablement aux vaccins, l’organisation a mené des recherches sur le terrain dans la délégation de Ghardimaou, une région pauvre située dans une zone montagneuse, à proximité de la frontière avec l’Algérie.

Deux Tunisie

Ces disparités cachent plusieurs fractures. D'abord, elles font apparaître deux Tunisie : celle des zones urbaines côtières qui est bien mieux vaccinée que celle des régions rurales. Ensuite, elles confirment la fragilité du système de santé tunisien et sa mauvaise répartition sur le territoire. Un tableau noir pour un pays qui fait partie des six nations africaines sélectionnées par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour pour héberger leur propre production de vaccins à ARN messager (ARNm). 

"Pendant la quatrième vague de la pandémie, entre juin et juillet 2021, les habitant·e·s des zones rurales, qui représentent 32,3 % de la population tunisienne, ont fait partie des plus touchés par le pic de contaminations en raison des inégalités sanitaires de longue date, auxquelles sont venues s’ajouter le manque d’accès aux vaccins", regrette Amnesty dans son rapport intitulé "Vaccins anti-COVID-19 et accès à la santé dans les régions rurales de Tunisie".  

Face aux critiques de l'ONG, les autorités tunisiennes ont affirmé que leur stratégie vaccinale avait été mise en œuvre "en concertation avec les autorités locales" et qu’elle avait impliqué la mobilisation de ressources publiques et privées afin de garantir un accès équitable aux vaccins. Balle au centre. 

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