Drogues : en RD Congo, la bombé inquiète le gouvernement

La "bombé" est apparue à Kinshasa en 2019. Cette substance toxique cause des dégâts aussi bien sur la santé de ceux qui la consomment que sur le tissu social.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
Rédigé le , mis à jour le
Kinshasa vit toujours à l'heure du Covid-19 (photo d'illustration)
Kinshasa vit toujours à l'heure du Covid-19 (photo d'illustration)

Alerte à la "bombé". Le gouvernement congolais est alarmé par la consommation grandissante de cette nouvelle drogue. Selon Radio France Internationale (RFI), ce stupéfiant est apparu en 2019 à Kinshasa, la capitale, et gagne rapidement en popularité chez les jeunes. Cette drogue, fabriquée à partir de résidus de pot d'échappement, peut faire passer les consommateurs du rire aux larmes, mais provoque aussi un effet de somnolence voire des démangeaisons. Très peu chère et très puissante, elle attire les consommateurs, en dépit de sa dangerosité. En effet, sa composition est particulièrement toxique : les résidus de tuyaux d’échappement qui servent à sa fabrication sont chargés de monoxyde de carbone et d’azote, combinés à de la Nutrilite, une variété de compléments alimentaires et minéraux aux bienfaits controversés fabriqués par une entreprise américaine.  

Deux ministres congolais, Yves Bunkulu, en charge du portefeuille de la Jeunesse et son collègue de la Santé publique, Jean-Jacques Mbungani, ont résolu de sensibiliser et prévenir leurs jeunes compatriotes sur les dangers de la bombé. Ils ont décidé de la création d'une commission mixte, au cours d'une rencontre à Kinshasa le 18 août dernier. Cette commission devra appuyer le Programme national de lutte contre la drogue et la toxicomanie.

Des mécaniciens-dealers ?

La bombé est redoutable parce que dangereuse pour la santé. En favorisant les accès de violence chez ceux qui ont développé une addiction, elle participe à une hausse de la délinquance et de la criminalité. "C’est vraiment une urgence, une catastrophe de santé publique. La délinquance juvénile va augmenter, le viol, le banditisme et la violence sexuelle. C’est un phénomène compliqué", déplore au micro de nos confrères de RFI le directeur du Programme national de lutte contre les toxicomanies et les substances toxiques (PNLCT), Patrice Milambo.

Les équipes qu’il dirige vont chercher à comprendre les raisons qui amènent les jeunes à plébisciter la bombé. Pour lui, il ya toujours une raison derrière la consommation de drogues. Soit pour trouver le sommeil, soit pour ne pas ressentir le froid, soit pour oublier ses problèmes... La police congolaise croit savoir que ce sont les mécaniciens  qui, sans que leurs patrons le sachent, fournissent la substance toxique. La lutte contre la bombé n'en est qu'à ses débuts. Difficile de dire si les autorités parviendront à freiner la consommation avant que cette drogue ne fasse de milliers de victimes. 

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