Dre Imane Hajjaj : "Le diagnostic précoce permet d’éviter le handicap lié à la sclérose en plaques"

Au Maroc, environ 8.000 personnes sont atteintes par la sclérose en plaques. Elle représente l'une des principales causes de handicap chez l'adulte jeune.

Kaoutar Adghirni
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La Docteure Imane Hajjaj
La Docteure Imane Hajjaj  —  Allo Docteurs Africa / Kaoutar Adghirni

C'est la première cause de handicap chez l'adulte jeune au Maroc. Diagnostiquée entre 25 et 35 ans dans 70% des cas, la sclérose en plaques ou SEP évolue par poussées. Il existe aussi des formes pédiatriques qui surviennent avant l'âge de 18 ans, ou des formes plus tardives, après 50 ans. 

Cette maladie neuro-inflammatoire atteint le cerveau et la moelle épinière. Pour une raison mal connue, nos propres cellules de défense s'attaquent aux circuits nerveux. Afin d'en savoir plus sur la prise en charge des Marocains atteints par la SEP, on a échangé avec la Dre Imane Hajjaj, médecin spécialiste en neurologie dans un cabinet à Agadir. Entretien.

Allo Docteurs Africa :  Quels sont les symptômes qui doivent nous faire suspecter une sclérose en plaques  ?

Dre Imane Hajjaj : Il faut savoir que notre cerveau et moelle épinière ont plusieurs fonctions. Ils assurent le mouvement des membres, la marche, la sensibilité de notre corps, l’équilibre, la vision, l’humeur... De ce fait, les symptômes de la sclérose en plaques sont multiples et variés : la personne peut avoir une lourdeur d’un membre ou d’un hémicorps (c'est-à-dire la moitié droite ou gauche du corps), des douleurs oculaires et troubles de la vision, des troubles de l’équilibre, un vertige, des troubles urinaires (fuite ou le contraire une rétention des urines), un tremblement des mains, des troubles de la parole, des fourmillements des membres ou du visage, une dépression...

Ces symptômes peuvent être associés, c’est-à-dire qu’un patient peut avoir à la fois un vertige, un trouble de l’équilibre et un tremblement des mains. La particularité de la SEP, c’est que ces symptômes sont minimes et disparaissent en peu de temps. Par exemple: Une personne peut avoir des fourmillements au visage et un flou visuel qui disparaitront en 5 jours, sans prise de  traitement. Ceci peut entrainer un retard de consultation chez beaucoup de personnes.

A.D.A : Que pouvez-vous nous dire sur la prise en charge médicamenteuse de la SEP au Maroc ?

Dre I.H : Le Maroc a pu introduire ces dernières années des traitements de la SEP au marché national (Natalizumab, Fingolimod, Tériflunomide, Ocrélizumab, Cladribine…) et offrir ainsi un choix aux médecins prescripteurs et à leurs patients. Malheureusement, ces traitements de fond sont chers, surtout pour les patients dépourvus de couverture sociale et médicale. Les personnes issues des milieux défavorisés auront donc une prise en charge médicamenteuse défectueuse. Le projet national récent de la généralisation de la sécurité sociale aura sûrement un impact positif, quant à l’amélioration de la prise en charge de la SEP.

A.D.A : Peut-on guérir de la sclérose en plaques ?

Dre I.H : Non, il n’existe aucun traitement à l’échelle mondiale qui guérit la SEP. Les traitements, dont on dispose actuellement, améliorent la qualité de vie et diminuent la fréquence et la gravité des poussées (une poussée est une période durant laquelle les personnes atteintes de sclérose en plaques connaissent de nouveaux symptômes neurologiques survenant pendant plus de 24 heures, en absence de la fièvre). Ces traitements permettent ainsi aux malades de mener une vie sociale et professionnelle aussi normale que possible, et de retarder l’apparition d’un handicap neurologique.

A.D.A : Comment peut-on aider la personne atteinte par la SEP à mieux vivre avec la maladie ?

Dre I.H : Il faut d’abord rappeler l’importance du diagnostic et du traitement médicamenteux précoces qui permettraient aux malades d’éviter un handicap à court et à moyen terme. Une adaptation de l’environnement familial et professionnel aux besoins de ces patients (accessibilité, ergothérapie…) et un soutien psychologique sont des paramètres à ne pas négliger. On peut ajouter la pratique régulière d’une activité physique et intellectuelle, selon les capacités du patient. 

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