Covid-19 : du Nigeria à la RDC, les soignants épuisés face à la pandémie

Depuis le début de la pandémie, les soignants sont sous tension. En première ligne contre le Covid-19, ils luttent autant qu'ils sont victimes. Et face au manque de moyens et à l'épuisement, des mouvements de protestations fleurissent un peu partout sur le continent.

Alicia Mihami
Rédigé le , mis à jour le
Les soignants du continent, en première ligne face au coronavirus, sont à bout (Image d'illustration)
Les soignants du continent, en première ligne face au coronavirus, sont à bout (Image d'illustration)

Les médecins sont à bout ! Partout sur le continent, les soignants, épuisés par plus d'un an de lutte contre le Covid-19, sont en colère. Manque de vaccins, d'oxygène, de masques, ils dénoncent des conditions de travail déplorables et insupportables. À tel point que des mouvements de grève fleurissent sur tout le continent. Les médecins des hôpitaux publics du Nigeria ont entamé une grève, pour protester contre le non-paiement d'arriérés de salaire et le manque de moyens. Au moment des premiers cas de coronavirus dans le pays en mars, le Dr Francis Faduyile, président de la NMA, avait déclaré qu'entre "70 à 80% des institutions publiques de santé n'avaient pas d'eau courante ou suffisamment propre pour se laver les mains".

Cette grève, menée par l'Association nationale des internes (Nard), qui représente 40% des médecins au Nigeria, débute alors que le pays, le plus peuplé du continent, craint une troisième vague de coronavirus. Le syndicat demande notamment au gouvernement "de verser des assurances-vies à 19 de nos membres, qui sont morts alors qu'ils travaillaient en première ligne" contre le coronavirus a exigé le président du syndicat, Uyilawa Okhuaihesuyi. Les médecins nigérians menacent régulièrement d'entrer en grève, espérant ainsi obtenir des autorités le paiement de leurs arriérés de salaire, ainsi qu'une augmentation des moyens alloués aux hôpitaux publics. Et ils ne sont pas les seuls.

Les soignants en crise sur tout le continent

La pandémie a eu un impact terrible sur les soignants, qui luttent tant bien que mal contre une crise sans précédent. Au Maroc aussi, les grèves et les revendications se succèdent, car malgré des accalmies dans l'épidémie, l’hôpital ne s’est jamais totalement vidé de ses patients Covid. À bout de forces, les professionnels de la santé dénoncent un manque de considération de la part des autorités et pointent du doigt la prime journalière de 14 dirhams (environ 1,30 euros) destinée aux soignants engagés face au Covid-19. 

En Algérie même constat : pas assez de moyens, humains comme matériels, pour endiguer la progression implacable de l'épidémie. Le pays, qui déplore plus de 120 médecins morts du Covid-19, fait même face à une augmentation des violences contre les soignants. Quant à la Tunisie, débordée par le variant Delta, elle a dû faire appel à la solidarité internationale pour obtenir le matériel médical nécessaire pour lutter contre la dernière flambée épidémique. 

En RDC, la région du Sud-Kivu, en proie à l'instabilité politique bien longtemps avant l'arrivée du Covid-19 déplore la mort de plus de 20 médecins. Pour les syndicats de médecins, "les conditions de travail ne sont pas réunies et le personnel soignant est exposé". Les soignants sénégalais sont aussi "débordés et au bord du burn out", avec parfois "600 à 700 malades par jour pour des consultations", selon le directeur national des établissements publics de Santé. Il dénonce un nombre insuffisant de lits et le manque de médicaments, d'oxygène et de kits de protection pour les soignants, constamment exposés. 

La crainte d'une quatrième vague

Le variant Delta du Covid-19 suscite une hausse des contaminations dans une quinzaine de pays du Maghreb, du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Asie, qui font tous face à une 4ème vague. "La plupart des nouveaux cas et patients hospitalisés sont des personnes non vaccinées. Nous vivons maintenant la quatrième vague de Covid-19 dans cette région", a déclaré Ahmed al-Mandhari, à la tête de la région Méditerranée orientale de l'OMS. 

Les défaillances du système Covax et la méfiance des populations entravent la progression des campagnes de vaccination dans ces pays. Mais leurs systèmes de santé, sous tension depuis trop longtemps, peinent de plus en plus à gérer la crise sanitaire et à prendre en charge les malades. Les pénuries d'oxygène se multiplient dans les pays les plus touchés. Une situation qui souligne encore plus l'importance du vaccin : seule une couverture vaccinale complète peut soulager les systèmes de santé, et permettre au monde de prendre le dessus sur le Covid-19.

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