Comment la RD Congo lutte contre les rumeurs sur le Covid

Submergée par les les fake news au début de la pandémie de Covid, la République démocratique du Congo (RDC) mise aujourd'hui sur un réseau de vérificateurs d’informations pour contrer les rumeurs.

Badr Kidiss
Badr Kidiss
Rédigé le
En RD Congo, 20% des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux
En RD Congo, 20% des rumeurs circulent sur les réseaux sociaux

Démêler le vrai du faux parmi les histoires déformées et souvent répétées sur le Covid-19. C'est l'objectif d'un système d’alerte et de réfutation des rumeurs mis en place, en RDC, par le Ministère de la santé et l'OMS. Des soignants, des chefs de file communautaires et religieux, ainsi que des journalistes, ont été formés à détecter et gérer la désinformation.

L’imam El Hadj Famba Ali Huseini, responsable de la Mosquée centrale Usoke à Kinshasa, a ainsi reçu la visite des spécialistes de la lutte contre la désinformation. "Le spécialiste en infodémie nous a démontré les étapes de fabrication du vaccin, suivant le processus normal. Il a détaillé la composition du vaccin et nous avons eu la confirmation qu’il n’y avait pas de gélatine de porc dedans", se remémore l'imam. Avant d'ajouter que le spécialiste "a montré les chiffres de la vaccination dans les pays musulmans, comme l’Arabie Saoudite et l’Indonésie, où les gens ont accepté de se faire vacciner".

Depuis, cet imam s'est fait vacciner et profite de ses prêches pour appeler les fidèles à faire de même. Trente autres responsables de mosquée à Kinshasa ont été formés à lutter contre les fausses rumeurs les plus répandues. 

Les rumeurs ont la peau dure

D’après une récente étude menée par des chercheurs congolais et internationaux sur l’acceptation du vaccin en RD Congo, 45% des fausses informations sur le Covid dans le pays circulent par le bouche-à-oreille, 20% sur les réseaux sociaux avec une prédominance de WhatsApp, suivi par Facebook et Twitter. Alors que 16% de la désinformation provient de la télévision et la radio, à part égale des guérisseurs traditionnels. A Kinshasa et dans les quatre coins du pays, l’essentiel de rumeurs concerne les remèdes au Covid, de faux conseils de certains médecins, des théories complotistes et des vidéos détournées. 

Pour contrer la désinformation, l’Alliance pour la riposte à l’infodémie en Afrique (AIRA), a contribué à former au suivi des rumeurs dans les communautés plus d’une vingtaine de personnes au sein des autorités nationales et 160 dans les provinces de Kong Central, Haut-Katanga et Kinshasa. "La formation d’une équipe locale en gestion des rumeurs nous a permis de changer le narratif anti-vaccin en narratif pro-vaccin et les analyses des feedbacks communautaires ont permis d’adapter les stratégies de communication selon les besoins en informations sur les vaccins contre le Covid", explique David Olela, responsable de la communication du Programme élargi de Vaccination (PEV), au Ministère de la santé publique, hygiène et prévention. 

Pour l'heure, le taux de vaccination contre le Covid en RDC reste parmi les plus faibles du continent. Mi-février, seules 340.000 personnes étaient entièrement vaccinées, soit une couverture vaccinale de moins de 0,5% de la population nationale. Néanmoins, les interventions de l’équipe d’infodémie de l’OMS portent leurs fruits. "Nous avons vu des médecins et des militaires qui se sont fait vacciner", souligne le Dr Moïse Yapi, chef intérimaire de l’équipe d’immunisation et de vaccination au bureau de l’OMS en République démocratique du Congo. 

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