Au Sénégal, la lutte antitabac se complique

Premier pays ouest-africain à avoir changé l'emballage des paquets de cigarettes pour mettre en garde les consommateurs contre les maladies liées au tabac, le Sénégal rencontre aujourd'hui de grandes difficultés pour financer son plan de riposte.

Barou Dembélé
Rédigé le
Un adolescent africain sur 10 consomme du tabac
Un adolescent africain sur 10 consomme du tabac

Elle patine. Longtemps cité en exemple pour sa lutte antitabac, le Sénégal fait aujourd'hui face à de nombreux obstacles. Le dernier en date est le financement de cette guerre. Il y a quelques jours, le Consortium pour la Recherche Économique et Sociale (CRES) de l'Université Cheikh Anta Diop a évalué à 122 milliards FCFA le coût annuel du tabagisme contre 24 milliards de revenus (impôts, salaires, bénéfices commerciaux). 

"Nous voulions informer sur l’état d’avancement de la lutte au Sénégal et des défis que nous rencontrons notamment, ceux liés à trouver des financements pour la mise en œuvre du plan national antitabac", a indiqué Baba Gallé Diallo, responsable de la communication du Programme national de lutte contre le tabac (PNLT), à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac, le 31 mai dernier. 

Un "poison" pour l'environnement

Le thème retenu pour l’édition de cette année est "le tabac : une menace pour notre environnement". Car avec ses mégots par milliards et tout le plastique entrant dans la composition des e-cigarettes, l'industrie du tabac est l'un des pires pollueurs au monde. Pour Diallo, "il existe un lien très fort entre le tabac et l’environnement marin, forestier, etc. D’où l’importance de lutter contre ce problème de santé publique". Des propos qui trouvent d'ailleurs écho dans le dernier rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), où l'on apprend que l'industrie de tabac est un "poison" pour l'environnement. 

Les producteurs de tabac sont responsables, selon l'OMS de la destruction de 600 millions d'arbres chaque année, soit 5% de la déforestation dans le monde. Il est donc urgent d'intensifier la lutte, au Sénégal et ailleurs. Surtout quand on sait qu'un adolescent africain sur 10 consomme du tabac. 

Pour que les Sénégalais respirent un air plus frais et sauver des vies, Baba Gallé Diallo semble prêt à s'inspirer de Madagascar qui finance la lutte antitabac avec les revenus provenant de la taxation. Pour le responsable de la communication du PNLT, une augmentation de la taxation du tabac permettrait d’"allouer une partie de la taxe prélevée sur le tabac pour financer la santé, en particulier la lutte contre ce dernier’’

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