Alzheimer : L'urgence d'une formation des aidants
Au Cameroun, les aidants d’alzheimer sont presque tous familiaux. L'ignorance des symptômes liés à cette maladie fait terriblement souffrir certains, tandis que d'autres deviennent inconsciemment les bourreaux de leur patient.
Dans le pays de Manaouda Malachie, Il n’existe pas encore un établissement d’hébergement où des aidants formés suivent les malades d'Alzheimer. C’est encore les partenaires de vie, les enfants ou toute autre personne proche du malade qui s’en occupent. Malheureusement, l’absence de connaissances sur les symptômes liés à cette maladie neurodégénérative, qui se caractérise par la destruction du tissu cérébral, est à l'origine beaucoup de souffrances et de frustrations chez le malade et l’aidant.
La souffrance des aidants
Valentine, fille d'une victime d’alzheimer, raconte avoir terriblement souffert avec sa mère, par manque de connaissances sur la maladie. " Le jour où ma mère ne m'a pas reconnu, j'ai failli faire un accident sur la route. Je ne comprenais pas ce qui se passait. C’était horrible de la voir déambuler toutes les nuits sans dormir, pleurer qu'elle veut voir ses parents qui sont morts depuis très longtemps ", a t-elle confié. Selon cette dernière, c’est en faisant des recherches sur Google qu’elle a découvert une association qui lui a parlé de la maladie et l'a aidé a tout surmonter par ses conseils.
Le coordonateur de l’association Comprendre la maladie d’Alzheimer (ACMA), Norbert, nous a expliqué qu’il a formé une dame qui était au bord de la dépression et prête à divorcer de son mari. Cette dernière disait ne plus supporter les multiples actes manqués de ses beaux parents malades d'alzheimer, qui résidaient chez elle. Ignorant les manifestations de l’alzheimer, elle avait fini par croire que ces derniers la détestaient. ‘’ Il a fallu qu'on lui explique toutes les étapes de la maladie et ses symptômes pour qu'elle soit convaincue qu'il n'en est rien, et pardonne à ses beaux parents ", nous précise Norbet. C’est à croire que l’absence de formation des aidants est le plus gros problème à résoudre, si l'on veut améliorer la qualité de vie des victimes d’alzheimer au Cameroun.
Le calvaire des malades dans les domiciles
Flora, formatrice des aidants, travaille avec l’ACMA dans la ville de Douala. Elle effectue des descentes dans les maisons pour rencontrer les malades, et apporter du soutient aux aidants. Elle a indiqué à AlloDocteurs Africa que beaucoup d’aidants maltraitent leurs patients sans s’en rendre compte. Parfois, "on les frappe, les traite de méchants, les couvre d'injures, les enferment. Ils vivent vraiment un calvaire dans les maisons ", a t-elle révélé. Ces écarts de comportements sont dus à la méconnaissance des aidants sur les différentes étapes de cette terrible maladie.
Certains aidants ignorent par exemple que le malade peine à garder des souvenirs récents, ou à s'orienter dans le temps et dans l’espace. Selon Flora, il arrive que le patient souille ses vêtements ou confond la salle à manger avec les toilettes. Et d’autres disent vouloir retourner chez eux, alors qu’ils y sont déjà. Des actes déraisonnés souvent considérés à tort, par la majorité des aidants, comme de la " nuisance" ou de la " méchanceté ".
Face à cette situation, l'association Comprendre la maladie d’Alzheimer organise des ateliers de formations et de conseils pratiques presque tous les ans. Elle permet aux familles des victimes d’échanger et de partager leur expérience individuelle.
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