EnaZeda : les femmes tunisiennes disent stop au harcèlement

Une vidéo d'un député tunisien filmé vendredi par une jeune fille selon qui il était train de se masturber en public a déclenché une vague de témoignages indignés sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #EnaZeda.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le , mis à jour le
#EnaZeda, un hashtag pour dire Stop en Tunisie (Illustration Twitter)
#EnaZeda, un hashtag pour dire Stop en Tunisie (Illustration Twitter)

Est-ce la goutte d'eau pour les femmes tunisiennes? Une vidéo d'un député tunisien filmé vendredi par une jeune fille selon qui il était train de se masturber devant un établissement scolaire a déclenché une vague de témoignages indignés sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #EnaZeda, le #Metoo tunisien. Le député Zouheir Makhlouf, fraîchement élu sous l'étiquette du parti Qalb Tounes de l'homme d'affaires controversé Nabil Karoui à Nabeul, a été déféré lundi devant le procureur de la République de cette ville côtière à 60 kilomètres de Tunis.

Une enquête a été ouverte pour "harcèlement sexuel et outrage à la pudeur", a déclaré lundi Karim Boulila, porte-parole du tribunal de première instance de Nabeul, sur Express FM. "Il est au tribunal de Nabeul où il est entendu par le juge d'instruction", a-t-il ajouté, précisant que le député quinquagénaire ne connaissait pas l'auteure de la vidéo, qui "n'est pas mineure".

Zouheir Makhlouf dément

Les images largement relayées sur les réseaux sociaux montrent cet ex-journaliste à la moustache fournie assis à l'avant d'une voiture, tee-shirt floqué du logo de son parti, le pantalon baissé jusqu'aux genoux, les yeux tournés vers la jeune fille qui filme. Sur Twitter, Zouheir Makhlouf a démenti tout acte de masturbation, assurant qu'il est diabétique et qu'il était en train d'uriner dans une bouteille. L'incident a suscité une salve de réactions indignées.

Des témoignages de harcèlement sexuel ont également afflué sous le mot-clé #EnaZeda, "moi aussi" en dialecte tunisien, en référence au mouvement #Metoo qui avait libéré la parole de femmes victimes de harcèlement ou d'agressions sexuelles après le début de l'affaire Harvey Weinstein en octobre 2017. "Le scandale Zouheir Makhlouf a le mérite de mettre le doigt sur l'ampleur du harcèlement en Tunisie", commente ainsi une internaute.

Une ministre témoigne

La ministre de l'Emploi Saida Ounissi, membre du parti d'inspiration islamiste Ennahdha, s'est elle aussi décidée à témoigner sur Twitter. "C'était une Kangoo blanche (...) devant le collège. Il m'a appelée. J'avais 12 ans. J'ai eu peur des voitures blanches pendant longtemps. Depuis hier, le même sentiment ressenti 20 ans plus tôt me terrasse".

Le parti Qalb Tounes, fondé en juin par le magnat des médias Nabil Karoui, battu dimanche lors de la présidentielle par l'universitaire Kais Saied, a annoncé lundi avoir ouvert une enquête interne. Le parti a aussi appelé à "éviter toute campagne de diffamation (...) sans preuve".

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