Un Ramadan difficile pour des Sénégalais de plus en plus anxieux

Anxiété, lassitude, troubles du sommeil... les Sénégalais ont le moral au plus bas, en ce début de ramadan, mois de jeûne mais aussi de repas festifs nocturnes en famille.

Badr Kidiss avec AFP
Badr Kidiss avec AFP
Rédigé le
À Dakar, le 9 février dernier, une manifestation violente contre le report de l'élection présidentielle
À Dakar, le 9 février dernier, une manifestation violente contre le report de l'élection présidentielle  —  Willy Kemtane / Shutterstock

Un Ramadan particulier. Si les Sénégalais ont l'habitude de préparer ce mois sacré en s'approvisionnant en grandes quantités d'aliments de base, tout semble différent cette année. La flambée des prix, sur fond d'instabilité politique, affecte lourdement le moral de la population. Mais ce n'est pas tout : d'autres facteurs révélent que la santé mentale des Sénégalais continue de se dégrader en 2024, en particulier chez les jeunes de 18-24 ans. 

Si tous les musulmans dans le monde commencent, cette année, le mois de Ramadan avec une inquiétude et un sentiment de solidarité accru avec les Palestiniens de Gaza, la situation est encore plus compliquée au Sénégal. Ces dernières semaines, le pays a connu plusieurs épisodes de contestation meurtrière et une crise politique aiguë née de l'ajournement du scrutin présidentiel. Des troubles qui se sont traduits par plusieurs dizaines de morts, des milliers de blessés et des centaines d'arrestations. 

A peine on est sortis du Covid que nous sommes tombés dans cette situation-là de chaos et de grande confusion. On est sortis d'un traumatisme, dont on n'a même pas guéri, pour retomber dans un autre traumatisme

— Psychologue Serigne Mor Mbaye

Dans un tel contexte, les troubles du comportement, les troubles du sommeil et les situations anxiogènes se multiplient dans les quatre coins du Sénégal. La succession de crises a alimenté, d'après le psychologue Serigne Mor Mbaye, une "perte de sens" au sein d'une grande partie des moins de 25 ans, qui représentent 60% de la population sénégalaise.

Très peu de psychologues au Sénégal

Alors que Ramadan est perçu comme un moment d'introspection, de recueillement et de solidarité, ce retour à l'essentiel pourrait aider bon nombre de Sénégalais à soulager leurs âmes. Mais pour que leur santé mentale ne se dégrade plus, il reste encore beaucoup à faire dans un pays confronté à une insuffisance criante de psychologues.

À l'heure où ces lignes sont écrites, on recense moins de 30 psychologues sur tout le territoire sénégalais. Un chiffre qui ne devrait pas augmenter de si tôt : Le département de psychologie de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, fermé en 1968 par le président Léopold Sédar Senghor, n'a rouvert qu'en 2021. Et la première promotion, dont l'enseignement a été très perturbé par la crise politique, n'a pas encore terminé son cursus.

Pour ne manquer aucune info santé, abonnez-vous à notre newsletter !