Le Burkina Faso tente d'éliminer le cancer du col de l'utérus, tueur en série de femmes

Au Burkina Faso, le cancer du col de l’utérus (CCU) est le deuxième cancer le plus fréquent chez les femmes. Pour en finir avec cette maladie qui tue des centaines de personnes chaque année, le vaccin contre le papillomavirus humain a été introduit dans le calendrier vaccinal du Programme élargi de vaccination (PEV)

La rédaction d'Allo Docteurs Africa
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Des agents de santé sensibilisent les mères pour venir faire vacciner leurs enfants pour les protéger du cancer du col de l’utérus
Des agents de santé sensibilisent les mères pour venir faire vacciner leurs enfants pour les protéger du cancer du col de l’utérus  —  Gavi / Abdel Aziz Nabaloum

C'est le deuxième cancer féminin au Burkina Faso après le cancer du sein, avec plus de 1.000 nouveaux cas pour environ 800 décès chaque année. Des chiffres choquants autour du cancer du col de l’utérus, alors que la science nous a permis de disposer de moyens de prévention très efficaces. 

Pour changer la donne, le ministère de la Santé a introduit officiellement dans le Programme élargi de vaccination (PEV) de routine, le Gardasil 4, un vaccin contre le papillomavirus humain, qui provoque le cancer du col de l’utérus. Les autorités sanitaires visent la vaccination de plus de 327.700 filles âgées de 9 à 14 ans sur l’ensemble du territoire national. 

Pour atteindre cet objectif, des campagnes de sensibilisation sont régulièrement menées dans les formations sanitaires et surtout dans les écoles. En parallèle, les autorités ont choisi deux stratégies de vaccination différentes :
- la stratégie avancée : la vaccination est proposée au sein de l'école. Elle permet d'atteindre les cibles ne pouvant régulièrement se déplacer aux centres de santé
- la stratégie fixe : la vaccination se fait dans une formation sanitaire

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Des stratégies payantes

A l’image des milliers de formations sanitaires du Burkina Faso, le Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Cissin, au secteur 17 de Ouagadougou, a décidé de miser sur la sensibilisation pour une adhésion massive des parents et jeunes filles à la vaccination. "Nous avons sensibilisé les enseignants, les chefs de circonscriptions d’éducation de base, parce que notre cible se trouve dans les écoles. Le ministère de la santé a aussi formé les enseignants, les chefs de circonscriptions d’éducation de base qui, à leur tour, ont formé les directeurs des écoles. Ces derniers ont formé les enseignants et notre district sanitaire a formé les parents d’élèves. Tout cela vise à éviter les préjugés et favoriser une adhésion au vaccin", affirme Ousmane Bagué, major du CSPS du secteur 17.

Cette stratégie avancée de vaccination dans les écoles et formations sanitaires est payante. Car, d’après M. Bagué, "nous avons pu vacciner beaucoup d’enfants. En stratégie fixe, des parents conduisent eux-mêmes leurs enfants pour les faire vacciner". L’objectif, insiste-t-il est d’éliminer totalement le cancer du col de l’utérus chez les femmes et filles au Burkina.

"Lorsqu’on parle de cancer, il s’agit de douleurs et traitements chroniques coûteux, et cela fait souffrir la patiente et son entourage. Faire vacciner les enfants est la meilleure façon de leur permettre d’éviter le cancer. Si, les enfants reçoivent les deux doses, ils ont plus de 90 % de chances de ne pas avoir le cancer", rassure-t-il.

Briser les préjugés

Mais pour atteindre ces milliers de filles, il faut selon, le responsable PEV du CSPS de Cissin, Nebiébié Bayili, briser les messages négatifs et "intox" qui peuvent saper les efforts de lutte contre la maladie. "Nous avons touché les autorités coutumières, religieuses, leaders d’opinion, directeurs d’écoles pour un plaidoyer sur le changement de comportement au sein de la population afin de pouvoir amener toutes les filles à se faire vacciner", précise Bayili.

Hema Kadissou, accoucheuse auxiliaire au CSPS de Cissin, ne cesse de sensibiliser les mères à ne pas hésiter à venir faire vacciner leurs enfants. "Si le vaccin n’était pas de bonne qualité ou nuisible pour les enfants, le gouvernement n’allait pas s’hasarder à le proposer. Ce sont des vaccins de bonne qualité et très utiles pour les enfants", rassure-t-elle. 

Pour Ousmane Bagué, en multipliant les efforts, l’objectif vaccinal sera atteint. "L’opportunité a été donnée de protéger les enfants à travers la vaccination", dit-il. Et, pour lui, les parents doivent saisir l’opportunité d’immuniser leurs enfants pour leur éviter à jamais le cancer du col de l’utérus.

Source : Gavi

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