En Afrique subsaharienne, la difficile prise en charge des fistules obstétricales

Environ 1 million de femmes en Afrique subsaharienne vivent avec une fistule obstétricale. Méconnue, cette lésion vaginale est mal soignée et entraîne de nombreuses complications.

Arnaud Ntchapda
Arnaud Ntchapda
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Dans cet hôpital au Niger, des femmes reçoivent un traitement de la fistule obstétricale
Dans cet hôpital au Niger, des femmes reçoivent un traitement de la fistule obstétricale  —  UNFPA/Ollivier Girard

Les femmes qui en souffrent sont souvent condamnées à la dépression, à l’isolement social et à une pauvreté accrue. Selon le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), plus de deux millions de femmes vivent avec une fistule obstétricale, dont plus de la moitié en Afrique de l’Ouest et du Centre.  Il s'agit de l’une des lésions les plus graves et les plus dangereuses susceptibles de survenir lors d’un accouchement. 

La fistule obstétricale se traduit par une perforation entre le vagin et la vessie et/ou le rectum, due à un travail prolongé et qui se produit en l’absence de soins obstétricaux rapides et de qualité. Elle provoque une fuite d’urine et/ou de matières fécales par le vagin, et entraîne à plus long terme des problèmes médicaux chroniques.

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Des soins inaccessibles en Afrique

La fistule peut généralement être soignée grâce à la chirurgie réparatrice. Aujourd'hui encore, de nombreuses femmes souffrant de cette lésion ne savent pas qu’il existe un traitement, n’ont pas les moyens de se faire soigner ou n’ont pas accès aux établissements où sont pratiquées ces interventions. Le manque de chirurgiens qualifiés pouvant effectuer ces opérations peut aussi être un obstacle. 

Un suivi est aussi essentiel pour toutes les femmes et les filles ayant bénéficié d’une chirurgie réparatrice pour soigner leur fistule, pour assurer qu’elles ne souffrent pas à nouveau de cette lésion en cas de grossesse, et pour protéger la survie des mères et des enfants. Mais encore une fois, faute de ressources humaines, ce suivi est rarement possible dans certains pays du continent. Et au rythme où vont les progrès dans la lutte contre cette lésion, de nombreuses femmes et filles atteintes de fistule obstétricale pourraient bien en mourir sans avoir jamais eu accès à un traitement.

Investir dans des soins de qualité

Il est pourtant possible de prévenir la fistule obstétricale. Le fait qu’elle n’ait pas disparu témoigne d'ailleurs des graves inégalités dans l'accès aux soins, et indique les carences des systèmes de santé face aux besoins essentiels des femmes et filles les plus pauvres et les plus vulnérables. 

Car en Afrique subsaharienne plus qu'ailleurs, les taux de réparation de la fistule sont catastrophiques. En 2018, moins de 2.500 femmes ont reçu un traitement, selon des chiffres de l'UNFPA. Autant dire que si les efforts ne sont pas accélérés, il faudra des siècles pour mettre fin à la fistule.

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